Investing.com - Après de premières rumeurs à ce sujet lundi, le constructeur automobile français Renault (PA:RENA) a déclaré qu'il "étudierait avec intérêt " la proposition de son rival italo-américain Fiat-Chrysler qui souhaiterait procéder à une fusion des deux entreprises dans le cadre d'un accord qui pourrait contribuer à remodeler l'industrie automobile mondiale.
Fiat-Chrysler a en effet lancé lundi cette idée, qui donnerait naissance au troisième plus gros constructeur automobile mondial, une entreprise qui aurait une présence significative sur tous les grands marchés mondiaux et dans tous les segments de marché, des véhicules électriques et hybrides aux voitures compactes, en passant par les camions ou les voitures de luxe.
Cela permettrait également aux deux entreprises de réaliser les économies d'échelle nécessaires pour participer à la prochaine révolution de l'industrie automobile : Les véhicules autonomes. Fiat a ainsi estimé que la fusion permettrait à la nouvelle société d'économiser plus de 5 milliards d'euros (5,6 milliards de dollars US) par an.
La fusion donnerait naissance à un géant qui produirait environ 8,7 millions de véhicules par an. Seuls les Allemands de Volkswagen (DE:VOWG_p) et les Japonais de Toyota (T:7203) seraient plus grands.
La prochaine étape consistera pour Renault à décider de recommander ou non la proposition à ses actionnaires. S'ils le font, il appartiendra aux actionnaires des deux sociétés de voter en faveur l'opération.
Selon Marco Leonardi, économiste à l'Université d'État de Milan, l'accord pourrait se heurter à certains obstacles, notamment en ce qui concerne d'éventuelles suppressions d'emplois.
La question de savoir qui dirigera ce potentiel futur groupe est également en suspend. Fiat affirme qu'il s'agira d'une fusion à parts égales et que le conseil d'administration comprendra des administrateurs indépendants, mais cela n'empêche pas qu'il faudra désigner un patron décisionnaire, et les discussions pour savoir qui de Fiat ou Renault le choisira pourrait être source de blocages.
Roberto Alfonsi, analyste du secteur automobile chez ABS Securities, a déclaré qu'il y a aussi le problème du rôle de l'Etat français dans Renault. L'entreprise a été privatisée à partir de 1996, mais l'État français conserve une participation de 15 %. Cela signifie que le gouvernement français détiendrait 7,5 % de l'entreprise combinée, alors que le gouvernement italien n'a jamais eu de participation dans Fiat.
"Les actionnaires de Fiat pourraient dire qu'ils n'approuveront pas l'opération à moins que l'État italien ne prenne une participation similaire dans Fiat ou que le gouvernement français ne vende ses actions", a déclaré Alfonsi dans une interview.
Cependant, malgré les obstacles, le projet semble économiquement logique, notamment car les deux sociétés se complètes en ce qui concerne la présence géographique à travers le monde.
Rappelons que Sergio Marchionne, célèbre homme d'affaires italo-canadien qui a piloté la fusion de Fiat avec Chrysler en 2014 et qui a dirigé la nouvelle société jusqu'à sa mort l'année dernière, a prédit que le marché mondial finira par soutenir six grands constructeurs automobiles. En tant qu'entreprise indépendante, Fiat est le huitième constructeur automobile mondial, un rang devant Renault.
Partant de ce point de vue, une concentration dans le secteur semble donc indispensable, et si le projet Fiat-Renault aboutit, cela pourrait donner des idées à d'autres. On peut donc potentiellement s'attendre à uen profonde mutation du visage de l'industrie automobile mondiale au cours des prochaines années, en raison des révolutions technologiques en cours que représentent les voitures électriques, et la conduite automatisée.