par John Whitesides et Jonathan Allen
PHILADELPHIE, Pennsylvanie (Reuters) - La convention démocrate qui doit adouber Hillary Clinton pour l'élection présidentielle du 8 novembre aux Etats-Unis s'ouvre lundi à Philadelphie sur fond de malaise et de tension à la suite de la divulgation de courriels internes.
Devant ses partisans, Bernie Sanders, battu lors de la primaire démocrate par l'ex-secrétaire d'Etat, a toutefois réaffirmé que les Etats-Unis devaient élire Clinton à leur tête. Donald Trump, le candidat républicain, "est un danger pour l'avenir de notre pays et doit être battu", a-t-il poursuivi.
Le sénateur du Vermont a pourtant contribué lui-même au malaise en réclamant et obtenant dimanche la démission de la présidente du Parti démocrate, Debbie Wasserman Schultz, après la publication par WikiLeaks de plus de 19.000 courriels semblant confirmer que la direction du parti avait une préférence pour Hillary Clinton et a cherché à saborder sa propre campagne.
La convention, qui s'étend sur quatre jours, doit officialiser l'investiture de Hillary Clinton comme candidate à l'élection présidentielle du 8 novembre.
Investi la semaine dernière à Cleveland dans l'Ohio par le Parti républicain, Donald Trump a pratiquement refait son retard sur sa rivale démocrate dans les intentions de vote selon le dernier sondage Reuters/Ipsos. Un sondage CNN/ORC lui donne même trois points d'avance, à 48% contre 45%. Et le magnat new-yorkais de l'immobilier a largement commenté le climat délétère qui a précédé l'ouverture de la convention démocrate.
Debbie Wasserman Schultz, qui s'exprimait lundi quelques heures avant l'ouverture officielle de la convention devant des délégués de son Etat, la Floride, s'est fait huer. Des manifestants ont brandi sous ses yeux des pancartes portant le nom de Bernie Sanders ou la simple mention "E-MAILS".
La présidente démissionnaire du comité national démocrate a annoncé par la suite qu'elle renonçait à prononcer le discours d'ouverture de la convention. "J'ai décidé dans l'intérêt supérieur de pouvoir lancer cette convention démocrate sur une note positive de ne pas en donner les trois coups", a-t-elle expliqué au Sun Sentinel, un quotidien floridien.
UNE PISTE RUSSE ?
L'affaire constitue un prélude embarrassant pour une convention qui était censée souligner l'unité retrouvée du parti après l'âpre campagne des primaires qui a opposé Clinton et Sanders et illustrer le décalage entre les démocrates et les républicains, dont la propre convention, la semaine dernière, a été émaillée d'incidents, du refus du sénateur Ted Cruz, le plus coriace des rivaux de Trump, à soutenir sa candidature aux accusations de plagiat visant le discours prononcé par l'épouse du candidat républicain, Melania.
Les partisans de Sanders, plus jeunes et plus marqués à gauche que ceux de Clinton, ont accueilli avec amertume ces courriels qui donnent du crédit aux accusations formées par leur champion pendant la primaire.
Ils étaient déjà déçus que Clinton ait choisi comme colistier le sénateur modéré de Virginie Tim Kaine plutôt qu'Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts et figure de la gauche du parti.
"Ils répètent 'unité du parti' comme si nous devions sauter de joie lorsqu'ils mentionnent le nom (d'Hillary Clinton). Mais à l'évidence, ce que nous disons depuis des mois est vrai: ils avaient le doigt sur la balance de la campagne", a dénoncé Manuel Zapata, un délégué pro-Sanders de Californie.
Le FBI a annoncé lundi qu'il enquêterait sur le piratage qui a conduit à la publication de ces courriels.
L'équipe de campagne de Clinton s'est publiquement interrogée sur une possible piste russe, notant que Trump avait eu des mots élogieux à l'égard de Vladimir Poutine et que Moscou pourrait avoir intérêt à favoriser son élection.
(avec Jrik Tavcar et Doina Chiacu; Henri-Pierre André pour le service français)