par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - Renault (EPA:RENA) a annoncé mercredi un bénéfice net en forte hausse en 2023, mais légèrement inférieur aux attentes, ainsi qu'une série de records, fruit de son plan stratégique axé sur les réductions de coûts et les modèles les plus rentables qui lui permet d'offrir un dividende plus généreux que prévu à ses actionnaires.
Le groupe au losange, dont l'ambition est toujours de rejoindre à la fin de la décennie le club des constructeurs aux marges à deux chiffres, comme Stellantis, a affiché l'an dernier une marge opérationnelle record de 7,9%, contre 5,5% en 2022 et 2,8% en 2021.
"(Nos résultats) reflètent le succès de notre stratégie Renaulution", a déclaré le directeur général Luca de Meo, cité dans un communiqué. "Nos fondamentaux n'ont jamais été aussi solides et il n'est pas question de s'arrêter là."
Le bénéfice net, part du groupe, plombé en 2022 par la sortie de Renault du marché russe, est ressorti en forte hausse à 2,2 milliards d'euros mais inférieur néanmoins aux attentes puisque le consensus LSEG, sur la base des réponses de 14 analystes, donnait environ 2,5 milliards d'euros après l'impact de la moins-value de cession des actions Nissan (TYO:7201) (0,9 milliard d'euros sur le résultat d'exploitation).
Le chiffre d'affaires, à 52,4 milliards, se situe également en dessous du consensus qui donnait 52,9 milliards, mais connaît une croissance de 13,1%.
Dans une note, Daniel Roeska de Bernstein souligne que la marge dépasse légèrement les attentes du marché tandis que la prévision pour 2024, le dividende et le free cash flow solides, "sont encourageants".
Au cours d'une téléconférence de presse, le directeur financier Thierry Piéton a souligné qu'avec le free cash flow record de 3 milliards d'euros de 2023, le groupe avait généré sur les trois années passées quatre fois plus de free cash flow que sur les trois années précédant le Covid, reflet de "la transformation" de Renault.
Fort de ses résultats 2023, le constructeur automobile français a proposé de verser un dividende "significativement plus élevé" à 1,85 euros, après le retour d'un paiement symbolique l'année précédente et trois ans sans dividende.
Le consensus LSEG donnait un versement de 1,44 euro. Le montant proposé est le plus élevé depuis celui de 2019 - plus de 3 euros.
"(Cela) donne une indication du niveau de confiance que nous avons dans notre capacité à continuer à accroître la performance du groupe", a ajouté Thierry Piéton.
DIX NOUVEAUX LANCEMENTS EN 2024
Renault, qui avait accusé une perte historique de 8 milliards d'euros en 2020, a engagé sous la houlette de Luca de Meo une restructuration drastique et une transformation ambitieuse, avec la création d'une entité dédiée aux moteurs thermiques et hybrides, Horse, et une autre consacrée à l'électrique et aux logiciels, Ampère, dont le projet d'introduction en Bourse a été annulé le mois dernier.
Le groupe a également renoué en 2023 avec une croissance de ses volumes de ventes, après quatre années consécutives de baisse. Si les marchés s'annoncent incertains en 2024, Renault mise sur le renouvellement de sa gamme avec le Scenic et la R5 électriques, ou encore le SUV coupé hybride Rafale, soit en tout pas moins de dix lancements de nouveaux véhicules cette année.
La séparation de l'activité thermique a contribué à l'amélioration de la marge opérationnelle, qui sans cet effet serait passée de 5,4% à 6,9%.
Le directeur financier a souligné que cette hausse constituait toujours "une très très forte augmentation, quelle que soit la façon de regarder les résultats", tout comme l'objectif d'une marge opérationnelle supérieure ou égale à 7,5% en 2024, comparé aux 6,9%.
La finalisation de la JV entre Renault Horse et le Chinois Geely, dont des sources ont dit à Reuters qu'elle pourrait intervenir vers la fin février, reste conditionnée à l'obtention des autorisations réglementaires.
"Nous sommes en ce moment dans une phase d'attente des approbations réglementaires, notamment (...) en Chine, qui sont un peu en dehors de notre contrôle", a indiqué Thierry Piéton.
Fort d'une position nette financière de l'automobile à des niveaux historiques (3,7 milliards d'euros), Renault espère par ailleurs toujours un retour dans la catégorie investissement aux yeux des agences de notation de crédit, pour lequel Thierry Piéton a dit enregistrer des "signaux plutôt favorables".
(Reportage Gilles Guillaume, avec Nick Carey à Londres, édité par Bertrand Boucey et Jean Terzian)