Wall Street, qui reviendra la semaine prochaine d'une période d'échanges limités par Thanksgiving, risque de rester timide, la grande majorité des investisseurs ne doutant plus que la Réserve fédérale (Fed) commencera dès décembre à limiter son soutien à l'économie.
Sur la semaine écoulée, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 0,14% à 17.798,49 points tandis que le Nasdaq, à dominante technologique, a pris 0,44% à 5.127,52 points.
Particulièrement surveillé par les investisseurs, l'indice élargi S&P 500 est resté presque stable, prenant 0,04% à 2.090,11 points.
"La semaine a été calme, avec de nombreuses personnes en vacances", a résumé Tom Cahill, de Ventura Wealth Management. "Il y a bien eu des statistiques intéressantes, mais pas assez pour faire bouger le marché."
Wall Street est restée fermée jeudi pour Thanksgiving, une fête particulièrement suivie dans le calendrier américain, et n'a ouvert vendredi que pour une séance écourtée.
"On a l'impression que la dinde de Thanksgiving s'est révélée le rendez-vous de la semaine pour les investisseurs, qui ont ignoré les nombreux indicateurs économiques et les événements géopolitiques", a ironisé Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services, faisant notamment allusion au regain de tension entre la Russie et la Turquie.
"Pourquoi est-ce qu'ils n'ont pas regardé grand-chose ?", a-t-il expliqué. "C'est qu'il est trop tôt pour avoir des chiffres sur la consommation du week-end (de Thanksgiving) et que parler de la Fed, ça devient un sujet vraiment inintéressant, puisque l'on a maintenant la quasi-certitude de ce qu'ils vont faire en décembre."
De plus en plus d'investisseurs considèrent comme un fait acquis que la banque centrale américaine va relever ses taux, à l'occasion de sa réunion des 16 et 17 décembre, pour la première fois depuis 2006.
Cette perspective, longtemps considérée comme une menace pour les marchés car elle marquerait le début d'un soutien crucial à l'économie, semble désormais acceptée à Wall Street, qui évolue à peu près au niveau où elle a commencé l'année.
"On a des certitudes et puisque maintenant on sait tout, les marchés ne font plus rien", a résumé M. Volokhine.
- L'international domine -
Dans ce contexte, les statistiques américaines de la semaine prochaine risquent d'être accueillies avec une certaine indifférence, y compris les chiffres mensuels sur l'emploi, attendus vendredi.
"La dernière fois, ces chiffres avaient été particulièrement surprenants", de façon positive, "donc ils peuvent toujours l'être dans un sens ou l'autre", a reconnu M. Cahill.
"Mais il faudrait qu'ils soient particulièrement mauvais pour que le marché pense que la Fed va renoncer à agir... Et ils ne le seront sûrement pas", a-t-il prévu.
M. Cahill a par ailleurs rappelé que l'un des principaux événements économiques de la semaine n'aurait pas lieu aux Etats-Unis mais en Europe, avec la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), dont de nombreux investisseurs s'attendent à ce qu'à l'inverse de la Fed, elle annonce jeudi une accélération de son soutien à l'économie.
"Si surprise il y a, elle viendra de l'étranger, pas des Etats Unis", a renchéri M. Volokhine. "La Fed a déjà décidé ce qu'elle allait faire et ce qui pourrait la faire dérailler, ce serait un événement économique tel qu'un effondrement des marchés émergents."
Il mettait l'accent sur une chute de plus de 5% en fin de semaine de la Bourse de Shanghai, dont l'effondrement cet été avait semblé largement encourager la Fed à l'attentisme.
"Si maintenant Shanghai baisse de 5% tous les jours, le consensus sur la Fed éclatera", a conclu M. Volokhine.