Le plan de recapitalisation annoncé fin décembre par l'Etat russe pour renflouer le secteur bancaire, fragilisé par l'effondrement du rouble, doit bénéficier à près de 30 banques, a annoncé mardi le ministre des Finances, Anton Silouanov.
Ce plan prévoit au total le déblocage par les pouvoirs publics de 1.000 milliards de roubles (13,3 milliards d'euros) et doit permettre aux établissements financiers de continuer à financer l'activité économique au moment où le pays se prépare à une profonde récession.
Ses bénéficiaires doivent être rendus publics dans les jours à venir. "Près de 30 banques seront recapitalisées", a indiqué M. Silouanov, cité par les agences russes.
Après l'effondrement inédit en 15 ans de pouvoir de Vladimir Poutine mi-décembre, les autorités russes s'étaient empressées d'annoncer des mesures pour assurer la stabilité financière et éviter un effondrement du secteur.
Les banques russes, déjà privées d'accès aux marchés de capitaux par les sanctions liées à la crise ukrainienne, voient en effet fortement augmenter les remboursements de leurs dettes contractées en devises.
Elles ont par ailleurs subi des retraits massifs de la part des clients au plus fort de la chute du rouble mi-décembre.
Elles doivent en outre faire face à un fort renchérissement de l'accès aux liquidités, la banque centrale ayant radicalement augmenté ses taux pour enrayer le plongeon de la monnaie (-41% face au dollar en 2014).
Au départ, les autorités avaient laissé entendre que le plan pourrait concerner plus d'une centaine de banques.
Mais le gouvernement a ensuite posé des conditions très strictes concernant l'attribution des fonds publics, attribués sous la forme d'obligations d'Etat via l'agence en charge de l'assurance des dépôts.
L'aide de l'Etat ne pourra bénéficier qu'aux banques dont le capital dépasse 25 milliards de roubles (330 millions d'euros), qui s'engagent à augmenter les crédits aux secteurs prioritaires de l'économie ainsi qu'à limiter les hausses de salaires des employés et de dividendes versés aux actionnaires.
Industries de transformation, chimiques et agroalimentaires ainsi que les secteurs des transports, de la construction et de la communication doivent être les principaux bénéficiaires, a indiqué récemment le Premier ministre, Dmitri Medvedev.
"Je veux insister que ces fonds ne doivent pas servir au sauvetage des banques à problèmes" mais "à développer le crédit" et "aider l'économie", a insisté le chef du gouvernement mi-janvier.
Le secteur bancaire russe compte plus de 800 banques parfois très modestes héritées de l'époque soviétique.
Les pouvoirs publics retirent régulièrement les licences de petits établissements régionaux soupçonnés de pratiques douteuses (encore deux mardi). Ils ont dû procéder mi-décembre au sauvetage d'une grosse banque, Trust, et la renflouer à hauteur de 127 milliards de roubles (1,7 milliard d'euros).
Sans attendre le plan global, l'Etat a renfloué fin décembre les numéro deux et trois du secteur, VTB et Gazprombank, visées par des sanctions occidentales, respectivement à hauteur de 100 milliards de roubles (1,3 milliard d'euros) et 40 milliards de roubles (530 millions d'euros).