PARIS (Reuters) - Michelin (PA:MICP) a annoncé jeudi son intention de supprimer 1.950 postes en trois ans dans ses deux principaux pays historiques, la France et les Etats-Unis, dans le cadre d'un projet de réorganisation mondiale censé améliorer sa réactivité et sa compétitivité.
Le fabricant de pneumatiques, qui employait fin 2016 environ 112.000 personnes à travers le monde, prévoit de ne pas remplacer 1.500 départs sur 5.000 - majoritairement à la retraite -, attendus dans l'Hexagone entre 2018 et 2021.
Le projet entraînera également la suppression d'environ 450 postes dans les fonctions centrales du groupe aux Etats-Unis.
"Michelin va bien aujourd'hui, mais tout l'enjeu du projet est de s'assurer que Michelin aille bien dans cinq ans, dans dix ans, et donc d'anticiper", a expliqué à Reuters François Corbin, directeur de la Stratégie, du progrès et des zones géographiques.
"L'organisation que nous avons aujourd'hui dans le groupe date de 1996 et il est évident que depuis cette date les attentes, les comportements des clients ont assez sensiblement évolué."
Le groupe envisage de créer dix nouvelles régions dotées de responsabilités opérationnelles renforcées et de passer d'une organisation en lignes produits à une structure en lignes "business" axées sur des groupes de clients.
Cette nouvelle organisation entraînera la suppression de jalons administratifs devenus inutiles au niveau central. Rien qu'à Clermont-Ferrand, berceau et siège du groupe, Michelin ne remplacera pas 970 départs sur 2.000 attendus.
Il prévoit de mettre en place sur le site un dispositif de préretraite volontaire et compte atteindre progressivement la taille cible de sa future organisation "sans aucun départ contraint".
Tournant le dos aux vastes restructurations, comme celle de 1999 qui avait suscité un tollé politique et social, Michelin a opté depuis plusieurs années pour des réorganisations au fil de l'eau afin d'améliorer en amont la compétitivité de ses sites européens, plus petits que les usines géantes qu'il ouvre aujourd'hui comme en Chine.
En février, le président de Michelin Jean-Dominique Senard avait indiqué qu'il aimerait voir la totalité de ses sites français couverts par un accord de compétitivité pour combler l'écart avec les autres usines mondiales ou la concurrence.
Michelin a ajouté qu'il prévoyait d'enregistrer une provision dans ses comptes 2017 pour financer ce projet.
François Corbin a précisé que le montant de la provision dépendrait de l'issue de la négociation et des mesures d'accompagnement qui auront été arrêtées. Cette provision sera passée en fin d'année, a-t-il ajouté.
A 17h07, l'action Michelin gagne 0,38% à 120,15 euros.
(Gilles Guillaume, édité par Benjamin Mallet)