NEW YORK (Reuters) - L'action Valeant a perdu jusqu'à 40% mercredi à Wall Street à la suite d'un rapport d'une firme spécialisée dans la vente à découvert l'accusant de gonfler frauduleusement ses ventes, une accusation démentie par le groupe pharmaceutique.
Dans son rapport intitulé "Valeant peut-il être le prochain Enron pharmaceutique ?", la firme Citron, dirigée par Andrew Left, accuse le laboratoire de se servir de ces distributeurs, dont Philidor et R&O Pharmacy Inc, pour créer des "ventes fantômes" de ses produits, à l'abri de ses auditeurs.
"Citron pense que tout cela n'est qu'une fraude visant à faire des factures pour tromper les auditeurs et enregistrer du chiffre d'affaires", lit-on dans le texte.
Valeant, qui était plus tôt cette année la première capitalisation boursière au Canada, a réagi en assurant qu'il n'enregistrait pas dans ses comptes consolidés les ventes de médicaments conservés dans les stocks de ces pharmacies.
"Nous démentons catégoriquement des accusations portées dans le rapport de Citron", a déclaré une porte-parole de Valeant.
"Ces déclarations erronées et trompeuses concernant Valeant semblent être une tentative visant à manipuler le marché en vue de faire baisser le cours de l'action Valeant. Valeant (...) enregistre convenablement ses ventes à Philidor et aux pharmacies du réseau Philidor, et les stocks chez ces dernières."
Le rapport de Citron a néanmoins accentué les inquiétudes des investisseurs sur les pratiques des groupes pharmaceutiques en matière de prix et de ventes, qui ont été examinées par le Congrès et les candidats aux élections présidentielles.
L'action Valeant, dont la cotation a été un moment suspendue, a chuté de 19,17% en clôture à Wall Street, après avoir perdu jusqu'à 40% à 88,50 dollars dans le volume d'échanges le plus étoffé du marché.
MISE EN CAUSE D'HILLARY CLINTON
Le titre du laboratoire canadien avait déjà reculé fortement la semaine dernière après l'annonce d'une convocation par la justice américaine pour s'expliquer sur sa politique de tarification et de distribution des médicaments, dénoncée quelques jours plus tôt par Hillary Clinton, la candidate à l'investiture démocrate, et d'autres responsables politiques.
Valeant a organisé lundi une conférence téléphonique avec les investisseurs pour défendre sa politique de prix. Le groupe n'a rien dit sur les enquêtes fédérales en cours sinon qu'il coopérait mais il a livré de nouvelles informations sur ses relations avec deux distributeurs dédiés, dont Philidor sur lequel Valeant a révélé détenir une option d'achat.
La chute du titre mercredi a fait fondre la capitalisation boursière de Valeant d'environ huit milliards de dollars. Le groupe pesait encore 90 milliards de dollars en Bourse au début août mais a depuis perdu plus de la moitié de sa valeur.
Victime collatérale de ce plongeon, le fonds spéculatif Pershing Square Capital Management a perdu environ 500 millions de dollars avec les 19,5 millions de titres Valeant qu'il avait acquis en début d'année quand l'action valait 160 à 202 dollars.
Pershing Square, dirigé par le financier William Ackman, avait investi en tout 3,3 milliards de dollars dans Valeant.
Pershing Square a un titre coté à Amsterdam qui a fini en baisse de 12,56% mercredi, à 19,50 euros
La chute de Valeant a également pesé sur le compartiment des biotechs à Wall Street, avec des reculs de 1,68% pour Allergan, de 13,32% pour Endo International et de 2,82% pour Horizon Pharma.
Le New York Times a repris l'information mardi en se demandant si les laboratoires n'utilisaient pas leurs distributeurs spécialisés pour imposer des prix élevés.
Allergan a fait savoir que tous ses produits passaient par les réseaux de distribution classiques, avec grossistes et détaillants, et qu'il n'avait pas recours aux canaux mentionnés dans l'article du New York Times.
(Caroline Humer et David Gaffen, avec Carl O'onnell, Euan Rocha et Ransdell Pierson, Patrick Vignal et Véronique Tison pour le service français, édité par Juliette Rouillon)