par Benjamin Mallet et Yann Le Guernigou
PARIS (Reuters) - L'accord sur le rachat par EDF (PARIS:EDF) des activités d' Areva (PARIS:AREVA) dans les réacteurs nucléaires sera dévoilé le 31 juillet, mais les annonces sur la recapitalisation d'Areva par l'Etat interviendront plus tard, a déclaré mardi le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron.
L'Etat, a-t-il également dit devant la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, "aura un rôle à jouer" dans la reprise du passif lié au chantier de l'EPR en cours de construction en Finlande, un dossier dans lequel EDF ne sera pas mis à contribution.
Alors qu'Areva a prévu de présenter son plan de financement le 31 juillet à l'occasion de ses résultats semestriels, EDF a fait savoir dès la mi-juillet qu'il était "dans les temps" pour boucler un accord à cette échéance avec le spécialiste public du nucléaire. "Il n'y a pas de problème particulier, les discussions ont bien avancé, tout le monde est d'accord sur le prix", dit-on de source proche des discussions entre Areva, EDF et l'Etat.
L'offre ferme d'EDF ne devrait pas intervenir avant fin octobre, selon cette source. On ne précise pas le montant offert par le groupe pour devenir l'actionnaire majoritaire d'Areva NP, qui inclut la construction des réacteurs nucléaires, l'assemblage des combustibles et les services à la base installée.
La proposition d'EDF valorisait jusqu'ici la société quelque deux milliards d'euros contre 2,7 milliards inscrits dans les comptes d'Areva.
NOUVEAU RENDEZ-VOUS EN SEPTEMBRE
La future augmentation de capital d'Areva, promise par l'Etat, s'annonce quant à elle plus complexe encore que la transaction avec EDF.
"Une fois qu'on aura clarifié les choses, l'Etat prendra ses responsabilités", a dit mardi Emmanuel Macron. Mais "en aucun cas, l'Etat ne mettra un chèque sur la table le 31 juillet prochain, ce serait irresponsable."
Le ministre a ajouté qu'il y aurait un nouveau rendez-vous en septembre, avec entre autres sujets la recapitalisation d'Areva, qui a reconnu en juin que ses besoins étaient proches de sept milliards d'euros d'ici à la fin 2017.
Selon la source proche des discussions, "il y a une très mauvaise surprise du côté de Bercy sur le montant de l'augmentation de capital. L'Etat espérait un ou deux milliards d'euros et ça pourrait être plus du double".
Une autre source, au fait du dossier, avance les mêmes chiffres et souligne que le montant qui sera nécessaire dépendra in fine des renégociations commerciales entre Areva et EDF dans l'amont et surtout l'aval du cycle du combustible nucléaire.
"Les discussions restent vraiment compliquées, en particulier sur le recyclage. Le but d'Areva est d'intégrer au prix de ces contrats à long terme les investissements nécessaires à La Hague, et EDF rechigne un peu", explique-t-on.
Areva et EDF, dont l'Etat français détient environ 87% et 84,5% du capital environ, n'ont pas souhaité commenter ces informations.
Le premier remboursement obligataire d'envergure d'Areva (975 millions d'euros) étant prévu pour septembre 2016, le groupe et l'Etat peuvent théoriquement se donner jusqu'au premier semestre de l'année prochaine pour s'entendre sur la taille de la recapitalisation.
La question d'une ouverture du capital à des investisseurs étrangers, et notamment chinois, pourrait de nouveau se poser à cette occasion.
Concernant l'EPR finlandais, Emmanuel Macron a indiqué que "compte tenu des montants engagés, on sait très bien que l'actionnaire majoritaire (l'Etat) aura son rôle à jouer".
"On n'a pas la visibilité aujourd'hui sur ce sujet-là mais on ne va pas transférer ce risque du côté d'EDF", a-t-il confirmé. "La priorité du moment, c'est de le régler sur le plan opérationnel et contentieux, et là, c'est les deux opérateurs qui peuvent et doivent le faire."
Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, avait déclaré mi-juillet que son groupe ne serait pas exposé à ce futur EPR alors qu'Areva souhaitait un "partage équitable du risque" sur ce chantier, dont les retards et surcoûts l'ont conduit a enregistrer jusqu'ici environ 4,6 milliards d'euros de provisions.
(Avec Emmanuel Jarry, édité par Dominique Rodriguez)