par Andrew MacAskill et Lawrence White
LONDRES (Reuters) - Royal Bank of Scotland a annoncé vendredi avoir creusé ses pertes au premier trimestre et s'est montré circonspect quant au calendrier de reprise du dividende au vu de la baisse de ses revenus, du coût toujours très lourd de sa restructuration et de la lenteur de ses cessions d'actifs.
La banque écossaise, contrôlée à 73% par l'Etat depuis son renflouement à hauteur de 46 milliards de livres durant la crise financière de 2007-2009, n'a pas dégagé de bénéfice annuel depuis 2007.
Sur les trois premiers mois de cette année, elle a enregistré une perte de 968 millions de livres sterling (1,24 milliard d'euros), plus du double de celle de 459 millions accusée un an auparavant et légèrement supérieure à celle de 957 millions attendue en moyenne selon le consensus de 10 analystes réalisé par la banque elle-même.
Le produit net bancaire (PNB) trimestriel a chuté de 13% à 3,06 milliards de livres.
L'action perdait 1,19% à 241,9 pence à 11h35 à la Bourse de Londres, dont l'indice FTSE 100 cédait alors 0,59% tandis que l'indice sectoriel européen abandonnait 0,85%.
La perte de RBS a été alourdie par un versement exceptionnel de 1,2 milliard de livres à l'Etat, nécessaire pour pouvoir renouer avec le versement d'un dividende, par des coûts de restructuration de 238 millions de livres et par une dépréciation de 226 millions sur le portefeuille de crédits au secteur maritime.
Ces charges incluent des coûts croissants liés à la scission du réseau de banque de détail Williams & Glyn, dont RBS a dit qu'elle pourrait ne pas parvenir à la mener à bien avant la fin 2017, date-butoir pourtant imposée par l'Union européenne (UE) comme condition de son feu vert à l'aide publique reçue en 2008.
"C'est le projet le plus compliqué que j'ai jamais vu dans le monde bancaire", a dit le directeur général Ross McEwan à la presse. De fait, les analystes doutent que la banque puisse tenir sa promesse de se défaire de cette activité d'ici 2017.
52 MILLIARDS DE LIVRES DE PERTES DEPUIS LE RENFLOUEMENT
La banque a dit s'attendre à ce que ses coûts de restructuration dépassent un milliard de livres cette année mais a confirmé son objectif de 800 millions de livres d'économies sur l'exercice.
RBS n'a pas constitué de provisions d'ampleur relatives au dédommagement de clients ayant souscrit à des assurances crédit litigieuses.
La banque a par ailleurs révélé que le gouvernement suisse avait ouvert une enquête sur les transactions de son ancienne banque privée, accusée de corruption ce mois-ci par une commission d'enquête parlementaire malaisienne.
Le résultat de la banque de détail a diminué de 3%, à 1,28 milliard de livres, attestant de l'érosion continue des marges et d'une baisse des commissions, tandis que celui de la division de banque de financement et d'investissement a vu le sien chuter de 36%, en raison notamment de la volatilité des marchés.
Le ratio de fonds propres CET1 a diminué à 14,6% sur une base ajusté du risque contre 15,5% fin 2015.
En incluant les derniers résultats, RBS a accumulé des pertes de 52 milliards de livres environ depuis son renflouement.
(Marc Joanny et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)