PARIS (Reuters) - Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dit craindre des affrontements violents en France si le nouveau président, Emmanuel Macron, ne réussit pas à redresser le pays.
"Personne n'a intérêt à ce qu'il échoue. On ne sait pas ce qui se passerait alors, je pense même au risque d'affrontements violents", déclare le leader de la première centrale syndicale française dans une interview publiée mardi par Les Echos.
"Face à une société angoissée, le nouveau chef de l'Etat doit être vigilant sur la méthode", ajoute-t-il. "Il n'a aucun intérêt à y aller 'à la hache' en déroulant un programme technocratique sans concertation. Ce serait perdant pour le pays et perdant pour lui."
Emmanuel Macron veut notamment lancer dès cet été une réforme du marché du travail, dans le prolongement de la loi Travail qui a suscité au printemps 2016 l'un des mouvements sociaux les plus importants depuis 1968.
Pour aller vite, le nouveau chef de l'Etat entend légiférer par la procédure accélérée des ordonnances.
Si Laurent Berger souhaite pour sa part que le patronat français s'inspire de la cogestion à l'allemande, il estime qu'une réforme du code du travail ne peut à elle seule créer de l'emploi, et qu'elle serait même "contre-productive" si elle était "hâtive".
"Nous croyons au renforcement du dialogue social dans l'entreprise mais pas dans n'importe quelles conditions. Il faut y renforcer le pouvoir des salariés. Il faut dans le même temps que le socle garanti par la loi en l'absence d'accord reste à un niveau élevé, voire plus élevé qu'aujourd'hui", dit-il.
"Le temps de la concertation est indispensable. Si Emmanuel Macron veut passer à la hussarde, ça ne marchera pas. Il se trompe s'il croit que légiférer par ordonnances dès la rentrée lui permettra d'éviter un conflit social", ajoute-t-il.
"Le gouvernement devra commencer par évaluer, écouter, parler. Il devra jouer la transparence et la concertation et donner du sens à son projet. Et ne pas se focaliser sur le seul code du travail", insiste Laurent Berger.
Le secrétaire général de la CFDT, réputé proche du Parti socialiste, a par ailleurs pris acte de la nomination d'un Premier ministre de droite, Edouard Philippe, qu'il dit ne pas connaître. "Il faudra qu'on le rencontre très vite pour entrer dans le fond des dossiers", a-t-il ajouté.
L'un des porte-parole de campagne et soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, Benjamin Griveaux, a répondu sur RTL qu'il y aurait bien des consultations avec les partenaires sociaux. Mais il a confirmé la volonté du nouveau chef de l'Etat d'aller vite en matière de réforme du marché du travail.
"Il y aura des consultations qui seront conduites", a-t-il dit. "La raison pour laquelle on veut aller vite c'est que si on veut que ce pays se remette à créer de l'emploi, que nos chefs d'entreprise retrouvent confiance, il faut pouvoir aller rapidement sur ce sujet-là parce que c'est ce type de réformes qui prennent du temps pour produire des effets positifs et les Français nous ont donné mandat pour le faire."
(Emmanuel Jarry)