EDF a présenté mardi des résultats semestriels en hausse et supérieurs aux attentes qui lui ont permis de relever son objectif de rentabilité opérationnelle pour 2013.
Le géant français de l'électricité a également annoncé à cette occasion un accord qui va lui permettre de se désengager par étapes de sa coentreprise nucléaire aux Etats-Unis, CENG.
Dans un communiqué, le groupe a précisé avoir dégagé un bénéfice net en hausse de 3,5% à 2,9 milliards d'euros, pour un chiffre d'affaires en progression de 10,7% à 39,75 milliards d'euros.
Ces résultats sont supérieurs aux attentes des analystes qui tablaient sur un bénéfice net en repli à 2,62 milliards et un chiffre d'affaires de 39,65 milliards, d'après Dow Jones Newswires. Les investisseurs ont salué cette performance, l'action du groupe grimpant de 7,22% à 21,69 euros, un sommet depuis l'automne 2011.
Le bénéfice net courant, qui exclut les éléments exceptionnels, est quant à lui ressorti en hausse de 3,8% à 3,1 milliards.
Les résultats du groupe ont été portés par le climat froid qui a régné dans l'Hexagone et sur une partie de l'Europe. Après un début d'année déjà très rigoureux, le printemps maussade (tout particulièrement le mois de mai, inhabituellement froid et pluvieux) a soutenu les ventes du groupe et sa production hydroélectrique.
En outre, EDF a bénéficié de la renégociation de contrats d'approvisionnement en gaz en Algérie et au Qatar par sa filiale italienne Edison, dont il a pris le contrôle l'an dernier après une longue bataille.
A noter que les résultats 2012 ont été retraités pour tenir compte de légères modifications des normes comptables.
"bonne performance opérationnelle"
"Ce premier semestre 2013 est marqué par une bonne performance opérationnelle qui est le fruit des investissements réalisés depuis plusieurs années", a commenté le PDG Henri Proglio, cité dans le communiqué.
Conforté par ses résultats, le groupe, qui avait été contraint d'abaisser fin 2012 ses perspectives en raison de la crise économique en Europe, a relevé son objectif d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) pour 2013.
Alors qu'il tablait jusqu'ici sur une croissance organique (hors Edison) de 0% à 3% de cet indicateur, il l'attend désormais en hausse de 3% au moins, tandis qu'Edison devrait générer de son côté environ 1 milliard d'euros d'excédent.
Concernant CENG, coentreprise d'EDF et de l'américain Exelon, qui gère cinq réacteurs nucléaires aux Etats-Unis, le groupe a conclu un accord prévoyant qu'EDF en déléguera l'exploitation opérationnelle à son coactionnaire.
L'électricien français recevra en outre un dividende exceptionnel de CENG de 400 millions de dollars (soit environ 300 millions d'euros) et pourra céder à Exelon ses parts (soit 49,99%) dans la société à leur "juste valeur" entre janvier 2016 et juin 2022.
Exelon détient déjà les 50,01% restants de CENG.
Cela fait suite à un premier accord conclu l'an dernier avec Exelon, selon lequel EDF avait renoncé à s'opposer à la prise de contrôle de l'opérateur américain Constellation par ce dernier.
L'opération, qui devra recevoir le feu vert des autorités américaines, devrait être effective l'an prochain. Elle permettra à EDF de réduire sa dette d'environ 300 millions d'euros (pour une dette nette de 33,7 milliards d'euros fin juin 2013) et augmentera légèrement sa rentabilité dès 2015, "grâce à l’amélioration opérationnelle et aux synergies escomptées de la gestion opérationnelle des cinq réacteurs de CENG par Exelon" qui exploite déjà un parc de 17 réacteurs.
Par ailleurs, cette opération s'inscrit dans une stratégie du groupe consistant soit à céder, soit à prendre le contrôle de ses participations minoritaires. Une stratégie qui a notamment été mise en oeuvre par EDF avec succès en Allemagne et en Italie.
Sur le parc nucléaire français, M. Proglio a confirmé l'enveloppe de 55 milliards d'euros de travaux à conduire d'ici 2025 pour prolonger la durée de fonctionnement des réacteurs et en renforcer la sûreté.
Et, dans un entretien au Monde, il a indiqué qu'EDF avait "commencé à travailler" avec le médiateur chargé de piloter la fermeture de la centrale alsacienne de Fessenheim fin 2016, qui nécessitera probablement une loi au vu de la lourdeur des procédures actuelles.
Quant au Royaume-Uni, il a assuré que les discussions sur les projets d'EPR outre-Manche se poursuivraient et que le groupe prendrait une décision définitive sur ce sujet d'ici la fin de l'année.
Enfin, EDF a créé une nouvelle filiale, "EDF Invest", qui gérera ses participations non cotées destinées à abonder son portefeuille d'actifs constitué pour couvrir ses charges futures de démantèlement nucléaire. Cela inclura les 20% d'EDF dans un consortium en passe de racheter TIGF, filiale française de gazoducs du pétrolier Total. Une transaction qui doit être finalisée ce mardi.