par Gilles Guillaume et Giulio Piovaccari
PARIS/MILAN (Reuters) - Stellantis a affiché de nouveaux résultats records au premier semestre grâce à la hausse de ses ventes en Europe et en Amérique du Nord et au maintien de tarifs élevés, mais prévenu qu'il lui faudrait accélérer ses économies dans un environnement de marché plus concurrentiel sur les prix.
Le constructeur automobile né de la fusion entre PSA (EPA:PEUP) et FCA a fait état mercredi d'un chiffre d'affaires de 98,4 milliards d'euros (+12%), d'un bénéfice opérationnel ajusté de 14,1 milliards (+11%) et d'un bénéfice net de 10,9 milliards (+37%) sur les six premiers mois de l'année.
Les analystes interrogés par Reuters attendaient un chiffre d'affaires de 96,8 milliards d'euros et un bénéfice opérationnel ajusté de 12,1 milliards.
"Rien à redire dans les principaux chiffres de Stellantis, des résultats très vigoureux à travers l'ensemble des régions", commente Philippe Houchois, analyste chez Jefferies.
L'action du groupe prenait 1,75% à 17,07 euros à 12h41 GMT.
En revanche, la marge opérationnelle ajustée du troisième constructeur mondial par le chiffre d'affaires, et toujours l'un des plus rentables de l'industrie automobile, s'est tassée à 14,4%, contre 14,5% un an plus tôt.
Interrogé sur cette évolution, le directeur général de Stellantis Carlos Tavares a répondu que cette mesure de l'efficacité globale du groupe restait significativement supérieure à celle affichée par Tesla (NASDAQ:TSLA) et General Motors (NYSE:GM) sur la période.
"Il sera intéressant de voir où nous nous situerons dans le classement quand nous atteindrons le week-end", a-t-il ajouté, faisant référence aux nombreuses autres publications de résultats de constructeurs programmées sur la semaine.
Lors d'une autre téléconférence de presse, Carlos Tavares a expliqué la baisse de la profitabilité de Tesla par le fait que le groupe californien entrait dans le monde réel de la fabrication industrielle et de la concurrence.
"Ils sont en train d'entrer dans mon monde, le monde des prix serrés, de la concurrence sur les coûts, et aussi des problèmes opérationnels auxquels une grande entreprise comme la nôtre peut se retrouver confrontée", a-t-il ajouté.
MARGE À 2 CHIFFRES EN 2023
La marge opérationnelle du groupe en Amérique du Nord, sa région la plus profitable, a également reculé de 60 points de base à 17,5%, mais Stellantis a confirmé sa prévision d'une marge globale à deux chiffres sur l'ensemble de 2023.
La nouvelle directrice financière Natalie Knight, qui a pris ses fonctions ce mois-ci, a souligné que la capacité tarifaire du groupe restait le principal moteur pour ses résultats.
"Nous avons passé diverses hausses de prix et le groupe a très bien réussi à les maintenir, tout en étudiant où des hausses additionnelles étaient appropriées au premier semestre", a-t-elle dit au cours de la téléconférence de presse.
La stratégie de Carlos Tavares allie accent sur les marchés et les modèles les plus rentables et chasse permanente aux coûts. Cette politique a permis à Stellantis de ramener à 33% son point mort au premier semestre, contre moins de 40% l'an dernier et un objectif stratégique moyen terme à moins de 50%, a poursuivi le directeur général au cours d'une téléconférence de presse.
Cela signifie que le groupe continue de gagner de l'argent même si ses ventes chutent des deux tiers, un moyen de le protéger "des aléas externes", a ajouté le directeur général.
"Mais si le marché est plus compétitif en termes de prix, nous devons travailler plus dur sur les réductions de coûts afin de garantir que nous rendions au marché l'espace de respiration dont il a besoin tout en protégeant nos marges unitaires", a-t-il aussi prévenu.
En réduisant la disponibilité des véhicules, les pénuries de semi-conducteurs et les engorgements logistiques ont contribué jusqu'ici à soutenir les prix des véhicules, conjugués aux hausses de tarifs liées à l'électrification.
Mais l'industrie se prépare maintenant à une pression sur les prix des véhicules électrifiés, dans le sillage des coupes effectuées par Tesla à partir de janvier et de l'offensive des marques chinoises.
"Le combat contre les constructeurs chinois va être d’une extrême brutalité", a averti le directeur général de Stellantis, cette fois sur France Inter.
"Nous avons de nombreuses manières de les combattre à commencer par notre technologie (…) La deuxième chose, c'est de ne pas être dogmatique. Si nous avons à faire face à des constructeurs qui ont un avantage de plus de 25% (sur les coûts), une des manières de lutter contre leur invasion, c'est d'utiliser les mêmes armes qu'eux, c'est-à-dire ne pas hésiter à utiliser des partenariats stratégiques", notamment pour les approvisionnements en matières premières et en semi-conducteurs.
(Reportage Gilles Guillaume, avec Zhifan Liu à Paris et Giulio Piovaccari à Milan, édité par Kate Entringer)