Par Geoffrey Smith
Investing.com -- Après un tour d'ivoire alimenté par la dette avec Cellnex (MC:CLNX), les investisseurs dans les télécoms européennes peuvent maintenant profiter des charmes discrets de l'ennui grâce à l'essaimage des tours de Vodafone (NASDAQ:VOD).
Le groupe de télécommunications britannique a finalement fixé mardi la fourchette de prix pour l'introduction en bourse de son unité de production de tours, une mesure qui permettra de libérer des capitaux et de réduire son endettement tout en réduisant le coût - c'est ce qu'il espère - de la construction des réseaux 5G.
L'opération, qui sera lancée à la bourse de Francfort la semaine prochaine et dont la valeur se situera entre 11,7 et 14,7 milliards d'euros, permettra aux investisseurs de jouer un nouveau rôle dans le secteur en pleine expansion des infrastructures de télécommunications, qui a connu un essor fulgurant alors que les grandes compagnies de télécommunications du continent - la plupart déjà lourdement endettées - se sont empressées de lever des fonds pour moderniser leurs réseaux 5G.
Vantage, avec ses 82 000 tours réparties sur 10 marchés, promet de défier l'espagnol Cellnex pour le leadership sur le marché européen. L'entreprise espagnole s'est lancée dans une frénésie d'achats au cours des deux dernières années, profitant de l'avantage du premier arrivé, tandis que les opérateurs historiques moins agiles ont eu les mains liées par des restructurations internes. Vodafone a eu besoin de la meilleure partie de deux ans pour mettre Vantage sur le marché, et le français Orange (NYSE:ORAN) n'a annoncé ses plans pour une société de tours séparée que le mois dernier.
Cellnex, qui a été l'action la plus performante du secteur pendant la plus grande partie des trois dernières années, n'a pas bénéficié de la perspective d'une telle concurrence. L'action Cellnex a chuté de 25 % depuis octobre. Une série d'acquisitions à des multiples de plus en plus exigeants a donné l'impression qu'il fallait faire de plus en plus d'efforts pour rester en tête du peloton. De ce fait, son bilan semble aujourd'hui tendu. Elle a payé un peu plus de 400 000 euros par mât pour les tours européennes de CK Hutchison en janvier, mais 500 000 pour la joint-venture Altice (AS:ATCA) Towers le mois dernier.
Même si les agences de notation ont été apaisées par des augmentations de capital, une notation BBB- laisse peu de place aux contretemps du côté des bénéfices, d'autant plus que les frais d'intérêt ont englouti les bénéfices d'exploitation des trois dernières années.
Vantage, en revanche, arrive sur le marché avec un cash-flow libre terne mais respectable d'environ 500 millions, et un dividende qui équivaut à 1,9 % dans le haut de la fourchette des bookmakers.
Avec une valeur de marché de 14,7 milliards d'euros, Vantage semble également bon marché par rapport à Cellnex, qui affiche 20,5 milliards. Cependant, les analystes soulignent que Cellnex devrait pouvoir tirer plus de revenus de chaque mât étant donné son statut indépendant. Les opérateurs de téléphonie mobile qui utilisent les mâts de Vantage craignent toujours d'être des clients de seconde zone derrière Vodafone lui-même, qui restera le locataire principal.
Pour Vodafone, en revanche, la nouvelle semble largement liée aux prix : la majeure partie de sa hausse de 1,9 % dans les échanges matinaux en Europe est due à une augmentation du marché plus large plutôt qu'à une hausse en réponse à la nouvelle de la fourchette de prix. Les actions avaient chuté à l'ouverture.