Malgré un début d'année marqué par le spectre du risque politique et un petit coup de mou estival, l'indice parisien aura bénéficié cette année d'un alignement des planètes, qui fait dire à certains que 2018 pourra difficilement faire mieux.
"2017 a été un très bon cru avec une tendance plutôt à la stabilité et au calme", loin de ce que les investisseurs avaient planifié au départ, résume auprès de l'AFP Pascale Seivy, responsable du conseil en investissement chez Pictet en France.
Risque politique neutralisé, indicateurs économiques au beau fixe, accélération de l'expansion bénéficiaire des sociétés: qui aurait pu prévoir que la Bourse de Paris serait placée sous de si bons auspices en 2017?
"Une des grosses surprises de l'année est la baisse de la volatilité qui aura été spectaculaire", renchérit Armel Coville, gérant chez Oddo BHF asset management.
Au 21 décembre à la clôture, le CAC 40 pouvait se targuer d'une progression sur l'année de 11,1%, à 5.385,97 points, contre des gains d'environ 7,50% en 2016.
Surtout, observe Mme Seivy, l'année aura été marquée par une convergence de la croissance aussi bien dans les pays émergents, la zone euro que les Etats-Unis, permettant une reprise du commerce mondial.
Et pourtant, ce beau parcours boursier était loin d'être acquis début 2017, alors que planait sur le premier trimestre l'ombre d'une série d'élections européennes à risque, d'abord aux Pays-Bas puis en France.
La plus grosse crainte des investisseurs était de voir s'affronter au second tour de la présidentielle française Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, les deux candidats des extrêmes.
Mais "il a suffi qu'Emmanuel Macron soit au premier tour pour que le risque politique global en zone euro soit levé", le CAC 40 ayant enregistré dans la foulée un bond de 4%, rappelle Mme Seivy.
"Cela a constitué un soulagement et permis aux flux de liquidités bloqués à la porte de l'Europe depuis début mars de commencer à revenir de manière assez massive", poursuit-elle.
Et le lendemain de l'élection constitue même "pratiquement le point haut du marché français" pour 2017, précise M. Coville, le CAC 40 ayant ouvert à 5.442,10 points le 8 mai, son plus haut niveau depuis janvier 2008.
Après les élections législatives néerlandaises et la présidentielle française, le référendum en Catalogne et le scrutin allemand ont au total moins inquiété les investisseurs, qui n'y voyaient pas de risque systémique pour la zone euro.
- "Réveil macroéconomique de la zone euro" -
Le marché a alors pu se recentrer sur des fondamentaux solides, malgré une petite baisse de régime estivale qui a vu l'indice parisien, entre début mai et fin août, revenir aux niveaux précédant le premier tour de la présidentielle.
En cause, selon M. Coville, "un certain nombre d'incertitudes sur les Etats-Unis et notamment sur la capacité de Donald Trump à faire passer les réformes pour lesquelles il avait été élu". Le tout accompagné d'une revalorisation nette de l'euro, sans oublier le risque géopolitique nord-coréen.
Mais dès la fin août "le marché est reparti à la hausse avec un flux de bonnes nouvelles économiques, en particulier une nouvelle vague de révisions à la hausse des perspectives de croissance mondiales et européennes et un climat global favorable sur fond d'indices américains battant records sur records", indique Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC.
Et ce "réveil macroéconomique de la zone euro" en 2017, pour Mme Seivy, s'est aussi traduit dans les résultats des entreprises, en particulier au troisième trimestre.
"Nous avons commencé l'année avec des perspectives assez agressives et des niveaux à deux chiffres tant en Europe qu'aux Etats-Unis pour la croissance des bénéfices par action. Pour une fois, cela s'est confirmé, il n'y a pas eu de révision à la baisse pendant l'année", commente-t-elle.
Mais si 2017 finit en beauté avec l'adoption de la réforme fiscale américaine, un nouveau scénario "boucle d'or" est-il tenable en 2018?
De l'avis de la plupart des analystes, le plus gros risque pourrait venir d'une normalisation mal négociée des banques centrales.
"L'environnement devrait rester plutôt favorable pour les prochains mois concernant la croissance économique, et ce sur la plupart des zones", estime M. Coville.
Mais dans ces conditions, les banques centrales auront "de moins en moins de raisons de maintenir les politiques monétaires accommodantes des dernières années", poursuit-il.
Or, si le resserrement monétaire se fait pour l'instant de façon modérée, "il va falloir observer comment les marchés tiennent sans la perfusion" alors que l'afflux de liquidités va diminuer progressivement, conclut Mme Seivy.