par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en baisse jeudi et Wall Street évoluait également dans le rouge à mi-séance, la révision à la hausse des anticipations de remontée des taux d'intérêt, les craintes d'une récession et les résultats trimestriels décevants de deux grandes banques américaines ayant étouffé toute prise de risque.
À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 1,41% à 5.915,41 points. Le Footsie britannique a cédé 1,43% et le Dax allemand 1,86%. À Milan, le FTSE-MIB a perdu 3,33%, la décision du Mouvement 5-Etoiles (M5S) de ne pas participer ce jeudi au vote de confiance faisant craindre la chute du gouvernement conduit par Mario Draghi.
L'indice EuroStoxx 50 a reflué de 1,63%, le FTSEurofirst 300 de 1,46% et le Stoxx 600 de 1,48%.
La Commission européenne a revu en baisse ses prévisions de croissance et en hausse celles de l'inflation pour la zone euro, principalement en raison de l'impact de la guerre en Ukraine.
Aux Etats-Unis, après les chiffres inattendus des prix à la consommation pour le mois de juin annoncés mercredi, ceux des prix à la production sont également ressortis jeudi au-dessus des attentes, l'indice ayant progressé le mois dernier de 1,1% et de 11,3% en rythme annuel, signe d'une inflation persistante.
Le choc provoqué mercredi par la forte hausse des prix à la consommation (+9,1% sur un an, au plus haut depuis 1981) a conduit certains investisseurs à anticiper un relèvement de 100 points de base le 27 juillet des taux de la Réserve fédérale américaine, un rythme rapide qui pourrait provoquer un important ralentissement de l'économie.
"La crainte d'une récession continue d'être au premier plan dans l'esprit des investisseurs", a souligné Bert Colijn, économiste chez ING (AS:INGA).
"Les investisseurs sont clairement d'avis que le bateau a quitté le port et qu'il s'agit maintenant de s'assurer que toute récession soit peu profonde et brève", a renchéri Craig Erlam, analyste chez OANDA.
A ces inquiétudes se sont ajoutées celles liées aux premiers résultats des banques, JPMorgan (NYSE:JPM) et Morgan Stanley (NYSE:MS) ayant publié jeudi des bénéfices trimestriels en baisse et inférieurs aux attentes, dans un contexte de hausse des provisions pour la première et de forte volatilité des marchés pour la seconde.
"Toutes les choses que l'on ne veut pas voir, on les a à peu près toutes: des chiffres inférieurs aux prévisions, une baisse des rachats d'actions et une augmentation des réserves de crédit sont des éléments qui signalent une récession plutôt qu'un trou d'air ponctuel", a commenté Thomas Hayes, président de Great Hill Capital.
"Le marché n'aime pas ça et à juste titre", a-t-il ajouté.
Signe de la nervosité sur les marchés, l'indice mesurant la volatilité montait à 27,35 points aux Etats-Unis, tandis qu'en Europe il a fini proche de 32 points pour la première fois en un mois.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 0,99%, le Standard & Poor's 500 de 0,90% et le Nasdaq de 0,71%.
Sur le plan sectoriel, le compartiment des banques (-2,7%) affiche l'un des plus importants replis avec JPMorgan et Morgan Stanley qui perdent respectivement 3,88% et 0,87%, tandis que Wells Fargo (NYSE:WFC), Goldman Sachs (NYSE:GS), Citigroup (NYSE:C) et Bank of America (NYSE:BAC) refluent de 1,67% à 3,62%.
Les secteurs de l'énergie, des matériaux et de la finance sont également en baisse.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, hormis le transport et les loisirs (+0,54%), tous les principaux secteurs ont terminé dans le rouge, les ressources de base (-3,58%) et l'énergie (-3,7%), pénalisées par les inquiétudes sur la demande, et la banque (-2,98%), affectée par les résultats de JPMorgan et Morgan Stanley, accusant l'une des plus fortes baisses.
Dans l'actualité des résultats d'entreprises, Ericsson (ST:ERICb) a chuté de 8,67%, les marges du groupe suédois au deuxième trimestre ayant souffert de la hausse des prix des composants et des coûts logistiques.
Swatch Group a reflué de 0,56%, malgré la confirmation de ses perspectives annuelles, tandis que le groupe de mode Hugo Boss (ETR:BOSSn) (+2,36%) a été soutenu par le relèvement de sa prévision de chiffre d'affaires annuel.
TAUX
Les rendements obligataires ont continué de monter jeudi, tirés par les chiffres de l'inflation américaine et le relèvement sur les marchés monétaires à 160 points de base des taux de la BCE d'ici la fin de l'année.
Le taux du Bund allemand à dix ans a fini à 1,165% et celui à deux ans à 0,469% après avoir touché en séance un plus haut depuis le 4 juillet à 0,637%.
En Italie, le rendement du dix ans a fini à 3,378% après s'être envolé en séance de 19 points à 3,502%, sa plus forte progression en une séance depuis le 13 juin. L'écart de rendement (spread) entre les obligations allemandes à dix ans et celles de l'Italie de même échéance est cependant monté à 220,3 points contre 208 mercredi, en réaction à un risque politique accru à Rome.
Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans gagne environ cinq points de base à 2,9614% et celui à deux ans est stable à 3,1424%, reflétant une inversion des courbes, signe d'un risque accru de récession à un horizon de deux ans. Les deux taux ont cependant réduit leurs gains après les déclarations de Christopher Waller, l'un des gouverneurs de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a dit jeudi soutenir pour le moment une nouvelle hausse du coût du crédit de seulement 75 points de base ce mois-ci.
CHANGES Le dollar, soutenu par son statut d'actif refuge et les anticipations de remontée de taux aux Etats-Unis, avance de 0,74%, face à un panier de devises de référence et a inscrit un nouveau plus haut de près de 20 ans.
Contre la monnaie japonaise, le billet vert a touché un pic de 24 ans, au-dessus de 139 yens.
L'euro, tombé brièvement mercredi en séance sous la parité avec le dollar, se traite jeudi à 1,0038 (-0,22%).
PÉTROLE
Les cours pétroliers reculent dans la perspective d'une hausse des taux qui pourrait plonger l'économie en récession et peser sur la demande.
Le Brent abandonne 2,76% à 96,82 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 3,22% à 93,2 dollars.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Sophie Louet)