PARIS (Reuters) - Carlos Tavares et Luca de Meo ont douché mercredi et jeudi les rumeurs de fusion entre Stellantis et Renault (EPA:RENA) en marge de la publication de résultats 2023 salués en Bourse pour les deux groupes automobiles.
La presse italienne a rapporté au début du mois que l'Etat français, premier actionnaire de Renault et détenteur d'une participation dans Stellantis, étudiait un projet de fusion entre les deux constructeurs.
"Nous n'avons pas de projet en cours, nous n'avons pas de discussion en cours", a dit Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, au cours d'une téléconférence de presse. "Nous n'avons pas de choses sur le feu, parce que sinon après la forêt va s'embraser."
"Nous n'avons pas de négociations en cours sur ce qui pourrait être une fusion majeure, et certainement pas avec Renault", a-t-il ajouté au cours d'une autre téléconférence de presse.
Interrogé mercredi sur le même sujet par le Figaro, son homologue chez Renault, Luca de Meo, a répondu qu'une consolidation de grande ampleur était compliquée, tout particulièrement dans cette période de transformation de l'automobile.
"Sur le papier, Tesla (NASDAQ:TSLA) pourrait racheter Volkswagen (ETR:VOWG_p) ou Stellantis: il en a les moyens. Pourquoi ne le fait-il pas ? Sûrement parce que ce n'est pas si simple ni peut-être si intéressant. Une fusion réussit uniquement s'il y a une volonté des deux côtés", a-t-il déclaré.
"Quand la demande est stable ou en faible croissance et quand les technologies sont mûres (...), fusionner et miser sur des plateformes communes pour réaliser des économies d'échelle est alors pertinent. Mais quand la demande et le marché sont très volatils, que les technologies sont évolutives, il y a plutôt intérêt être très agile", a-t-il ajouté, en réponse à ceux qui jugent Renault trop petit pour rester dans la course.
Luca de Meo a toutefois ajouté qu'il pouvait y avoir "des fusions avec certains morceaux d'activités", faisant référence à la création de la coentreprise entre les activités de moteurs thermiques et hybrides de Renault et Geely.
Il a également préconisé que l'Europe n'emboîte pas le pas aux Etats-Unis et ne ferme pas la porte aux constructeurs chinois. "Je pense qu'on ne pourra pas renoncer à une forme de collaboration avec cet écosystème", a-t-il poursuivi.
Interrogé de son côté sur sa succession à la tête de Stellantis, que certains médias français ont reliée aux rumeurs de consolidation, Carlos Tavares a répondu que son mandat courait jusqu'en 2026 et que la question ne se poserait pas avant la mi-2025.
"La question de la suite ne se pose pas (...), d'ici là on est concentré sur l'exécution de notre plan, on a suffisamment de sujets à traiter et on ne sait pas aujourd'hui quelle sera la conclusion de cela: est-ce que je reprends un autre mandat ou je n'en prends pas, est-ce qu'on décidera autre chose, le conseil d'administration sera souverain et je suis un des membres du conseil d'administration", a-t-il dit.
(Reportage Gilles Guillaume, avec Camille Raynaud)