Investing.com - Cette semaine, Saudi Telecom Company (STC Group) a annoncé qu'elle avait acquis une participation de 9,9 % dans Telefónica (BME:TEF), un géant mondial des télécommunications avec une présence importante en Espagne, en Allemagne, au Royaume-Uni et au Brésil.
Depuis lors, les experts ont spéculé sur l'opération et l'éventuel "effet domino" sur d'autres grandes entreprises.
"Cette acquisition impliquerait l'achat de 4,9 % du capital social de Telefónica et l'utilisation d'instruments financiers à terme, avec l'intention d'acquérir 5,0 % supplémentaires du capital social. Les droits de vote correspondant aux 5,0 % d'actions seront acquis une fois que les autorisations réglementaires nécessaires auront été obtenues. Ce point est important car il existe ce que l'on appelle un bouclier anti-OPA", explique Javier Molina, analyste de marché senior pour eToro.
Comme il le rappelle, le gouvernement espagnol a prolongé jusqu'au 31 décembre 2024 les mesures du bouclier visant à protéger les entreprises stratégiques du pays contre les rachats inamicaux et les ventes d'actifs. Le bouclier dit anti-ASO comprend des opérations d'achat d'actifs dans les secteurs de l'énergie et des infrastructures, renforçant ainsi la sécurité juridique et le contrôle des investissements étrangers.
"C'est pourquoi, dans l'attente d'une clarification juridique, STC Group a clairement indiqué qu'il n'avait pas l'intention de prendre le contrôle ou d'acquérir une participation majoritaire dans Telefónica", ajoute M. Molina.
Le groupe STC est coté à la bourse saoudienne avec une capitalisation boursière de 49,2 milliards d'euros et selon des sources de l'entreprise, cette démarche s'inscrit dans le cadre de l'expansion de l'entreprise sur le marché mondial des télécommunications.
Selon les derniers comptes présentés par la société, Telefónica a enregistré un bénéfice de 462 millions d'euros au deuxième trimestre 2023, soit une augmentation de 44,5 % par rapport à la même période de l'année précédente. Les revenus ont augmenté de 0,9 % pour atteindre 10 133 millions d'euros, marquant ainsi son cinquième trimestre consécutif de croissance. L'objectif de croissance organique de la société est de 4 % pour les revenus et de 3 % pour le résultat d'exploitation avant dépréciation et amortissement (OIBDA). Un nouveau plan stratégique pour la période 2023-2026 est attendu en novembre.
"La faible capitalisation de l'entreprise, un symptôme commun observé dans le secteur européen, implique une sous-évaluation qui la rend susceptible de faire l'objet d'acquisitions à un moment complexe pour le secteur des télécommunications", déclare M. Molina.
"Avec une capitalisation de près de 22 000 millions d'euros, l'acquisition de 10 %, comme dans le cas de STC Group, semble très efficace compte tenu des caractéristiques susmentionnées de Telefónica", souligne l'expert.
M. Molina passe en revue d'autres grandes acquisitions. "Il y a quelques années, Vodafone (LON:VOD) a acquis ONO pour 7,2 milliards d'euros et s'est assuré l'accès à 7,2 millions de foyers où la société utilisait sa propre technologie. Pour replacer les choses dans leur contexte, Telefónica possède 383 millions d'accès totaux, 168 millions d'unités immobilières desservies par la fibre optique, 292 millions d'accès mobiles et est présente en Espagne. Au niveau international, son positionnement en Allemagne, au Royaume-Uni, au Brésil, en Argentine, au Chili, en Colombie et au Mexique, entre autres, est remarquable. Par conséquent, la démarche de STC Group n'est pas anodine et, en aucun cas, nous ne pouvons dire qu'elle est hors de prix compte tenu de sa portée et de ses implications pour l'acquéreur", explique-t-il.
"C'est pour cette raison, et dans l'attente de la résolution des conséquences d'une éventuelle activation du bouclier anti-OPA, que se pose la question de savoir si les principales entreprises espagnoles, à ces niveaux de capitalisation, peuvent être mises en vente", ajoute M. Molina.
"D'un point de vue technique, la première résistance se situe à 4,00 euros. Même s'il est vrai qu'elle pourrait être étendue à la zone des 4,10-4,15, il faudrait un catalyseur supplémentaire pour franchir ce mur de granit. En dessous, la zone des 3,65-3,70 est le premier support à surveiller", conclut l'analyste d'eToro.