Pétrole, croissance mondiale, banques... les foyers d'incendie se sont multipliés cette semaine à la Bourse de Paris, qui devrait rester volatile, toujours aux prises avec ses incertitudes sur fond de publication de résultats d'entreprises.
Au cours de la semaine écoulée, l'indice CAC 40 a perdu 4,89% et terminé vendredi à 3.995,06 points. Ses pertes depuis le 1er janvier s'élèvent à 13,8%.
Illustration de l'ambiance électrique régnant actuellement sur des marchés extrêmement fébriles: la séance de jeudi a vu l'indice parisien lâcher plus de 4%, passant sous la barre des 3.900 points. Une première depuis juillet 2013.
"C'est une poursuite de la mauvaise tendance de janvier", observe Yves Maillot, directeur des actions européennes de Natixis Asset Management.
Pour Pascale Seivy, responsable du conseil en investissement chez Pictet, cette spirale baissière est le résultat "d'une somme de mauvaises nouvelles et de facteurs d'incertitudes" qui se sont transformés en "cocktail explosif".
Le marché parisien avait déjà mal débuté la semaine, empêtré dans ses doutes sur la croissance de l'économie mondiale, notamment chinoise et affecté par l'érosion sans fin des cours du pétrole.
Mais le spectre d'une crise bancaire a achevé de noircir l'horizon, alors que "d'un point de vue global, les banques sont résistantes", rappelle M. Maillot.
Le secteur est sous pression, faisant face à la fragilité de certains établissements bancaires de la zone euro, leur exposition aux groupes pétroliers et, fait remarquer Yves Maillot, "à un phénomène de taux d'intérêt négatifs".
"Plus les valorisations de ces banques baissent en Bourse chaque jour, plus elles sont fragilisées, c'est un cercle vicieux", indique quant à elle Mme Seivy.
Ne parvenant pas à se protéger de ces ondes négatives, la place parisienne a regardé du côté de la Réserve fédérale américaine (Fed), à l'occasion de l'audition de sa présidente devant le Congrès américain mercredi et jeudi.
Mais cette dernière n’a pas calmé les sueurs froides des investisseurs se montrant inquiète de l'impact du ralentissement de l'économie mondiale et prévoyant une croissance modérée et une hausse graduelle des taux d'intérêt aux Etats-Unis
La semaine a par ailleurs été marquée par "de bonnes publications de résultats d'entreprises pour 2015", juge M. Maillot.
- 'Eteindre les incendies' -
Mais la Bourse se penche sur les résultats pour l'exercice en cours, poursuit-il, dans un contexte où les analystes sont pessimistes sur la croissance des profits, ce qui n'est pas un élément de soutien pour les marchés.
La publication des résultats va se poursuivre la semaine prochaine, avec notamment Crédit Agricole (PA:CAGR), Essilor, Kering (PA:PRTP) et Schneider Electric (PA:SCHN), alors que les cours du pétrole devraient continuer à préoccuper les investisseurs tout comme les inquiétudes persistantes à l'égard de la croissance mondiale.
"Il faudrait éteindre les incendies un par un pour que les choses aillent mieux et se concentrer sur l'économie réelle", estime Mme Seivy.
Car, souligne-t-elle, la configuration reste favorable en zone euro, "avec des cours de pétrole bas qui incitent les consommateurs à dépenser, des taux d'intérêt faibles poussant à emprunter et un euro faible capable de doper les exportations".
La croissance des Etats-Unis se porte également bien, selon elle, alors que les investisseurs vont se pencher sur une série d'indicateurs américains au cours d'une semaine chargée en statistiques.
Sont notamment attendus l'inflation et l'indicateur composite de l'activité économique pour le mois de janvier ainsi que la publication des minutes de la dernière réunion de la Fed.
Dans la zone euro, le baromètre ZEW du moral des investisseurs allemands sera scruté, tout comme le commerce extérieur pour le mois de décembre. Surtout, le marché regardera du côté de la Banque centrale européenne, à l'occasion d'une prise de parole de son président Mario Draghi lundi.
"Plus que jamais, il faudra écouter la tonalité des banquiers centraux", insiste M. Maillot, alors que "les mouvements sur le marché risquent d'être encore agités, avec une probabilité de poursuite du mouvement de baisse".