STOCKHOLM (Reuters) - Les autorités de régulation de la zone euro doivent envisager de modifier une série de règles, allant du niveau de liquidités requis pour les banques à la gestion des faillites bancaires, afin de protéger le système financier, ont plaidé vendredi deux responsables de la Banque centrale européenne (BCE).
Les banques européennes ont plutôt bien résisté à la crise qui a secoué le secteur bancaire le mois dernier mais celle-ci a démontré les risques encore présents et soulevé des interrogations quant à la résistance des établissements financiers face à une crise encore plus importante.
L'une des principales préoccupations portent sur la rapidité des retraits de dépôts auprès des banques alors que les médias sociaux ont accéléré la vitesse de propagation de l'information et les comportements des consommateurs.
En cas de crise, les retraits pourraient s'avérer plus rapides que ce que les régulateurs ont envisagé, ce qui remet en cause les règles actuelles en matière de solvabilité des banques et de gestion des faillites bancaires.
"Il est indéniable que la vitesse à laquelle les dépôts ont été retirés de la Silicon Valley Bank a été beaucoup plus rapide que prévu - beaucoup plus rapide que ce que les calculs du ratio de liquidité à court terme (LCR) prennent en compte", a déclaré Klaas Knot, le président du Conseil de stabilité financière, lors d'une réunion des ministres de Finances de l'Union européenne à Stockholm.
"Par conséquent, est-ce que le LCR doit être calibré différemment ? Et/ou devons-nous mieux le soumettre à des tests de résistance ?", s'est-il interrogé.
Un autre problème repose sur la résolution des faillites bancaires, a souligné pour sa part le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.
La zone euro prévoit de secourir uniquement les plus grandes banques, dont la faillite ferait courir un risque systémique, et de laisser les établissements les plus petits déposer le bilan.
"L'autre priorité, à l'autre bout du spectre, est de passer d'une résolution 'pour un petit nombre' - en fait pour un trop petit nombre : deux cas au cours des neuf dernières années - à une résolution 'pour le plus grand nombre', incluant les banques de petite et moyenne taille", a déclaré François Villeroy de Galhau, qui siège au conseil des gouverneurs de la BCE.
Cela permettrait d'atténuer les effets d'une crise bancaire car la chute de Silicon Valley Bank aux Etats-Unis a montré que même une institution de second rang pouvait provoquer des turbulences importantes dans le système.
François Villeroy de Galhau a aussi plaidé pour une amélioration du contrôle du marché des "credit default swap" (CDS), un instrument relativement réduit mais qui a eu un impact important sur certains cours de Bourse en mars, notamment celui de Deutsche Bank (ETR:DBKGn).
"Le manque de liquidité de ce marché et son opacité ont provoqué un épisode injustifié de détresse financière affectant Deutsche Bank", a rappelé le banquier central. "Nous ne devrions pas accepter qu'un marché aussi dysfonctionnel entraîne de tels risques systémiques."
(Reportage Balazs Koranyi, Blandine Hénault pour la version française, édité par Kate Entringer)