par Howard Schneider et Krista Hughes
WASHINGTON (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) ira jusqu'au bout de son programme d'assouplissement quantitatif (QE), a affirmé son président Mario Draghi jeudi, minimisant les craintes que ce programme de rachat d'actifs ne soit la source de bulles spéculatives.
Les propos de Draghi, tenus à Washington dans les murs du Fonds monétaire international, ne laissent guère de doutes sur la mise en oeuvre intégrale de ce programme, qui doit durer jusqu'en septembre 2016, en dépit des réserves émises par l'Allemagne à sa création.
"Près de sept années de crises à répétition n'ont pas encouragé les ménages et les entreprises à prendre des risques", a dit Draghi à une audience où l'on comptait la directrice générale du FMI Christine Lagarde. "Pour ce motif, il faut attendre avant de pouvoir dire que nous avons réussi".
Même si ces 60 milliards d'euros d'achats d'actifs mensuels, essentiellement des emprunts d'Etat, aboutissent à une revalorisation des actifs et de la confiance, il faut aussi qu'ils stimulent l'investissement et l'inflation, a poursuivi Draghi.
"Alors que nous avons déjà constaté un effet sensible de nos mesures sur les prix des actifs et la confiance économique, ce qui compte en dernier ressort c'est d'avoir un effet équivalent sur l'investissement, la consommation et l'inflation", a déclaré Mario Draghi.
"Dans ce but, nous réaliserons entièrement notre plan de rachats, comme nous l'avons annoncé et, dans tous les cas, jusqu'à ce que nous constations un ajustement durable de la trajectoire d'inflation."
En réponse à des critiques selon lesquelles une telle politique de création monétaire pourrait alimenter des bulles sur le marché immobilier par exemple, il a répondu: "Pour le moment, il y a peu d'indications selon lesquelles des déséquilibres financiers généralisés soient en train d'émerger."
Mario Draghi a ajouté que les autorités monétaires devaient faire preuve de beaucoup de prudence lorsque le moment était venu de couper le robinet de la liquidité coulant à flot.
"Sortir d'une politique de liquidité abondante doit se faire avec beaucoup, beaucoup de précaution", a-t-il dit, à la suite de son discours. Lorsque ce type de politique reste en place longtemps, les esprits des investisseurs s'en imprègnent toujours plus.
(Juliette Rouillon et Wilfrid Exbrayat pour le service français)