par Steve Stecklow et Karen Freifeld
WASHINGTON (Reuters) - Le département américain du Commerce a interdit aux sociétés américaines de vendre des composants à l'équipementier télécoms chinois ZTE pour une durée de sept ans pour avoir enfreint les termes des sanctions économiques imposées à l'Iran.
A Pékin, le ministère chinois du Commerce a indiqué mardi qu'il suivrait de près les développements de l'affaire et qu'il se tiendrait prêt à réagir pour protéger les intérêts des entreprises chinoises.
ZTE a dit de son côté qu'elle étudiait les implications de la décision américaine et qu'elle était en communication avec les "parties concernées". La cotation de ses actions a été suspendue mardi sur les Bourses de Hong Kong et de Shenzhen.
Le groupe chinois avait plaidé coupable l'an dernier devant un tribunal fédéral du Texas, reconnaissant avoir fourni illégalement à l'Iran des technologies et des biens américains. Il avait accepté de verser 890 millions de dollars (718 millions d'euros) en amendes et pénalités, un montant susceptible d'être augmenté de 300 millions de dollars.
Dans le cadre de cet accord, l'équipementier basé à Shenzhen avait également pris l'engagement de licencier quatre salariés directement concernés et d'en sanctionner 35 autres en réduisant leurs primes ou en les réprimandant, ont déclaré à Reuters des responsables du département du Commerce.
Or si elle a bien procédé aux quatre licenciements, la société chinoise a admis en mars qu'elle n'avait pas sanctionné les 35 autres salariés mis en cause.
DEUX FOURNISSEURS DE ZTE CHUTENT À WALL STREET
ZTE "nous a fourni des informations reconnaissant pour l'essentiel avoir fait des fausses déclarations", a déclaré lundi un haut responsable du département du Commerce. "C'était en réponse aux informations demandées par les Etats-Unis."
"Nous ne pouvons pas nous fier à ce qu'ils nous disent", a-t-il ajouté. "Et dans le commerce international, la vérité est très importante."
A Wall Street, l'annonce des sanctions a fait chuter deux fournisseurs importants de ZTE, les fabricants de produits optiques Acacia Communications et Oclaro, qui ont perdu respectivement à la clôture 36% et 15%.
Acacia, au plus bas depuis son introduction en Bourse en mai 2016, avait indiqué dans un récent rapport financier que ZTE avait représenté 30% de son chiffre d'affaires 2017. Dans sa dernière publication trimestrielle, Oclaro qualifiait ZTE de "client important", tout en indiquant avoir temporairement cessé de lui livrer des produits en mai 2016 en raison de restrictions imposées par le département du Commerce.
Une enquête fédérale conduite sur cinq ans a révélé l'année dernière que ZTE avait contourné l'embargo américain sur l'Iran en achetant des composants américains, en les intégrant dans son matériel et en les livrant illégalement dans le pays.
On estime que les entreprises américaines fournissent de 25 à 30% des composants utilisés dans les équipements de ZTE, notamment dans les équipements de réseaux et les smartphones.
Le gouvernement américain enquêtait sur ZTE depuis la publication en 2012 par Reuters d'informations montrant que l'équipementier chinois avait signé des contrats de livraison de produits et de logiciels américains à TCI, le principal opérateur télécoms iranien, et à une filiale du consortium qui le contrôle, pour des millions de dollars.
(avec Ryan Woo à Pékin; Claude Chendjou et Henri-Pierre André pour le service français)