Les chefs de gouvernement espagnol et portugais ont dit lundi à Madrid être disposés à soutenir "tout plan" visant à lutter contre le chômage des jeunes qui affecte particulièrement les deux pays, affirmant ne pas avoir été informés d'une stratégie commune de Paris et Berlin.
Selon le journal allemand Rheinische Post, Paris et Berlin veulent présenter à la fin du mois un plan commun baptisé "New Deal for Europe" pour lutter contre le chômage des jeunes qui gangrène l'Europe, par le biais de crédits aux entreprises qui recrutent.
"Toute initiative soutenant l'emploi des jeunes a mon soutien", a affirmé le chef du gouvernement conservateur espagnol, Mariano Rajoy, devant la presse.
"Le chômage des jeunes est une tragédie pour nos deux pays", a ajouté son homologue portugais, Pedro Passos Coelho, qui visitait la capitale espagnole pour un sommet bilatéral entre l'Espagne et le Portugal.
Les deux responsables politiques ont affirmé n'avoir pris connaissance que lundi, à travers la presse, d'un éventuel plan franco-allemand.
"Nous aussi allons nous concerter pour chercher les meilleures stratégies qui puissent offrir des résultats concrets", a dit Pedro Passos Coelho.
Chez les jeunes espagnols de 16 à 24 ans, le taux de chômage a explosé jusqu'à 57,22% au premier trimestre 2013. Au Portugal, ce taux a grimpé à 42,1% chez les 15-24 ans à la même période.
Pour Mariano Rajoy, lutter contre ce problème est l'un des trois principaux "sujets capitaux et urgents" que doit traiter l'Union européenne, avec la constitution d'une union bancaire et la relance du crédit aux entreprises et aux familles. "C'est la priorité des priorités", a-t-il lancé lundi.
"Le test de crédibilité de l'Union européenne est l'union bancaire", a martelé le responsable espagnol.
"Adopter des mesures pour permettre aux familles et aux PME d'accéder au crédit et pour résoudre le grave problème du chômage des jeunes est une urgence nationale et une urgence européenne", a-t-il ajouté.
Interrogé sur la proposition du ministre allemand des Finances, Wolfgang Schaüble, de mettre en place un mécanisme de résolution bancaire "en deux temps", Mariano Rajoy a rétorqué qu'il fallait "respecter les accords".
"En juin (lors du sommet européen, ndlr), nous nous étions mis d'accord pour avancer dans l'union bancaire", a-t-il ajouté. Après l'adoption de la figure d'un régulateur unique, "il faut maintenant mettre en place le mécanisme de résolution" qui permettrait d'introduire "les mêmes règles du jeu pour tous".
L'union bancaire "n'a que des avantages", a-t-il affirmé, ajoutant que la crise financière de Chypre "ne serait pas arrivée s'il y avait eu une union bancaire telle que certains d'entre nous la défendons".
Le plan de lutte contre le chômage des jeunes attribué à Berlin et Paris, auquel souscrivent "des entreprises majeures" selon Rheinische Post, prévoit que la Banque européenne d'investissement (BEI) accorde des crédits "à hauteur de plusieurs milliards" aux entreprises qui s'engageront à recruter ou à former des jeunes.
L'Union européenne est déjà tombée d'accord pour allouer 6 milliards d'euros d'ici à 2020 à la lutte contre ce fléau. Le "New Deal" permettrait d'exercer un "effet de levier" sur cette somme, écrit le Rheinische Post: elle servirait de garantie auprès de la BEI, qui pourrait ainsi lever jusqu'à dix fois plus, soit 60 milliards d'euros, pour les prêter aux entreprises impliquées.