par Joseph Sotinel et Leila Abboud
PARIS (Reuters) - les équipementiers télécoms Alcatel-Lucent (PARIS:ALUA) et Nokia (HEL:NOK1V) ont grimpé en Bourse jeudi après avoir tous deux publié de solides résultats trimestriels qui rassurent les investisseurs sur leur mariage en cours.
Le rachat à 15,6 milliards d'euros du franco-américain par le finlandais, annoncé mi-avril, vise à renforcer leur position face au numéro un mondial du secteur, le suédois Ericsson (ST:ERICb), et au champion chinois du low cost Huawei (SZ:002502) en créant un numéro deux du mobile fort et doté d'une ligne de production plus complète.
Mais avec une concurrence qui reste féroce et une demande moins soutenue de la part des opérateurs télécoms, le secteur des infrastructures télécoms et ce mariage inquiètent certains investisseurs.
A 11h10, l'action Alcatel-Lucent s'adjugeait 5,4% et Nokia 7,7%, à comparer à un gain de 1,09% pour l'indice STOXX du secteur technologique européen. Avant ce bond, le titre Alcatel avait perdu 27% de sa valeur et Nokia 20% depuis l'annonce du projet de fusion, tandis qu'Ericsson a aussi perdu 20%.
Chez Exane BNP Paribas (PARIS:BNPP), l'analyste Alexander Peterc, à l'achat sur les deux titres, estime que les résultats des deux groupes au deuxième trimestre sont de bon augure pour la fusion.
"Le trimestre de Nokia a été bien meilleur qu'attendu au niveau de la marge opérationnelle, et la performance d'Alcatel a été bonne aussi", dit-il. "Rien n'indique que leurs résultats financiers divergent en faveur d'Alcatel-Lucent, aussi il y a peu de chances que les termes de l'accord soient renégociés."
Quelques investisseurs d'Alcatel-Lucent, dont son troisième actionnaire principal Odey Asset Management, avaient demandé de meilleurs termes pour le groupe franco-américain après les résultats du premier trimestre, ressortis plus favorables pour Alcatel que pour Nokia.
FREE CASH FLOW ENCOURAGEANT
Au deuxième trimestre, Nokia a fait état d'une hausse non attendue de ses profits et une progression de sa marge opérationnelle supérieure au consensus, à la faveur de ses ventes de logiciels, à forte marge, et d'un reflux des contrats à plus faibles marges qui avaient pénalisé son début d'année.
Alcatel-Lucent a achevé le deuxième trimestre avec un chiffre d'affaires légèrement en deçà des attentes (-9% à changes constants à 3,45 milliards d'euros, contre un consensus Thomson Reuters I/B/E/S de 3,47 milliards).
Mais le résultat opérationnel et les marges (34,8%, soit +220 points de base pour la marge brute) ont battu le consensus, l'attention portée aux réductions de coûts ayant compensé la baisse de la demande sur son marché clé américain.
La croissance à deux chiffres (+22%, +10% à changes constants) de son activité Coeur de réseaux (IP) est aussi jugée encourageante, de même que la génération de trésorerie puisque le groupe a dégagé son premier free cash flow positif (65 millions d'euros) pour un deuxième trimestre depuis la fusion d'Alcatel et de Lucent en 2006.
Garder un free cash flow positif reste la priorité du groupe, fixée à son arrivée en avril 2013 par le directeur général Michel Combes, qui quittera ses fonctions en septembre dans la perspective de la fusion avec Nokia et laissera sa place à l'actuel président du conseil d'administration, Philippe Camus.
"Nous sommes complètement mobilisés pour atteindre notre objectif sur le free cash flow, et nous avons créé une organisation beaucoup plus solide que dans le passé", a déclaré Jean Raby, le directeur financier d'Alcatel-Lucent, lors d'une conférence téléphonique.
Il a dit son optimisme concernant la fusion avec Nokia, indiquant même que l'opération pourrait être finalisée avant la mi-2016, échéance fixée jusqu'ici.
Le directeur financier a par ailleurs confirmé qu'Alcatel-Lucent comptait toujours vendre sa division de câbles sous-marins, dont la valeur pourrait atteindre un milliard d'euros, selon certains analystes, avant que le rachat par Nokia ne soit finalisé.
Selon le magazine Challenges, Michel Combes rejoindrait la holding Altice (AMS:ATCE) de Patrick Drahi, propriétaire de Numericable-SFR.
(Edité par Dominique Rodriguez)