La start-up française Deezer se prépare à une bataille du streaming de musique "décisive" dans les prochains mois et veut compter parmi la poignée d'acteurs à se partager ce marché en plein essor, assure son nouveau patron Hans-Holger Albrecht dans une interview à l'AFP.
"Je pense qu'il y aura quatre à cinq gros acteurs dans le futur, et que Deezer sera l'un d'entre eux", estime le nouveau directeur général allemand qui remplace Axel Dauchez, parti chez Publicis France.
La concurrence s'intensifie, alors que le géant américain Apple (NASDAQ:AAPL) devrait sortir du bois prochainement avec une offre de streaming, que le suédois Spotify, numéro un mondial, investit sans relâche pour grossir, et que de nouveaux venus comme Tidal, le projet du rappeur américain Jay-Z, apparaissent.
Le nouveau responsable, arrivé en février à la tête de la société, ne veut pas pour autant changer du tout au tout la stratégie de Deezer.
"Apple va bien sûr être un concurrent de taille, ils savent ce qu'ils font", mais "nous avons une stratégie très différente de celle des autres acteurs", souligne-t-il.
"Notre produit est de haut niveau, nous avons été très efficaces à construire une base de clients avec des ressources financières limitées".
Deezer a aussi misé sur l'expansion géographique et a investi 180 pays. "Nous sommes présents dans beaucoup de marchés émergents, nous avons de nombreux partenariats avec les opérateurs télécoms et nous avons une offre très diversifiée", relève-t-il.
- La vidéo, pas une priorité -
Deezer a dévoilé mardi l'intégration de podcasts à son offre en France, au Royaume-Uni et en Suède, pour continuer à enrichir son offre de contenus.
"Nous voulons prouver au consommateur qu'il y a plus que de la musique sur Deezer. La musique reste la colonne vertébrale de Deezer mais si vous voulez écouter votre émission favorite ou des infos sportives, vous pouvez aussi le faire. Nous sommes une plateforme avec tout ce dont on a besoin", détaille le responsable.
Deezer a fait ses premiers pas le marché américain l'an dernier via un partenariat avec Sonos, un fabricant américain de systèmes audio sans fil. Puis il a acquis Stitcher, le principal fournisseur indépendant américain de podcasts et contenus, inaugurant une offre combinée de podcasts et musique.
"Nous ajoutons beaucoup de nouveautés à la plateforme pour que les gens la trouvent attractive et paient pour y avoir accès". A ce stade, Deezer n'a pas l'intention de casser les prix mais veut "conserver ses tarifs et ajouter de la valeur comme des infos, de l'humour, à terme des livres audio, une meilleure qualité d'écoute", note M. Albrecht.
Le service de streaming n'a cependant pas donné de nouveau bilan de ses abonnés depuis plusieurs mois.
Il affichait l'an dernier 6 millions d'abonnés payants et 16 millions d'utilisateurs uniques par mois, contre 60 millions pour son concurrent Spotify.
Tout en approfondissant sa présence dans ses marchés clefs, la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, la start-up poursuit sa stratégie qui consiste à nouer des partenariats, une quarantaine à ce jour, avec des opérateurs télécoms, notamment dans les pays émergents.
Sur ces marchés, "nous voulons développer des produits spécifiques, des offres prépayées, qui consomment moins de bande passante, et aux prix adaptés", explique Hans-Holger Albrecht, qui était précédemment le PDG du groupe de télécoms et médias Millicom, fort de 50 millions de clients en Afrique et Amérique latine.
Deezer veut aussi continuer à investir dans la technologie et les algorithmes de recommandations pour que les utilisateurs puissent s'ils le veulent "se reposer et écouter exactement ce qu'ils aiment" grâce aux choix musicaux déterminés par la plateforme en fonction de leurs écoutes précédentes.
"Il n'y a rien de plus individuel dans le divertissement que la musique. On ne va pas trouver deux personnes avec la même playlist de par le monde", note le responsable pour souligner la difficulté de l'exercice.
Quant à ajouter de la vidéo à son offre, comme s'apprêterait à le faire son concurrent Spotify, "ce n'est pas une priorité". "La vidéo est un ajout intéressant mais ce n'est pas déterminant", estime-t-il.