Le Portugal, qui s'efforce de reconquérir la confiance des marchés en appliquant un exigeant plan d'aide international, est menacé par un risque de contagion "très accentué" alors que la crise de la dette continue de sévir, en Grèce et en Espagne notamment.
L'économie portugaise et son système financier sont confrontés à "un risque très accentué de contagion des effets des développements adverses au plan international", a estimé la Banque du Portugal (BdP) dans un rapport publié mardi.
"Au plan international, les principaux risques sont associés à l'éventuelle aggravation de la crise de la dette souveraine en zone euro et à une performance économique plus mauvaise que prévu chez les principaux partenaires commerciaux du Portugal", a souligné la BdP dans son Rapport de stabilité financière.
La banque centrale portugaise s'inquiète ainsi de l'impact d'une dégradation de la situation en Grèce, dont la sortie de la zone euro semble de plus en plus envisageable, et en Espagne, voisin du Portugal et son principal marché d'exportation.
Au plan interne, la BdP relève également des risques liés "à la capacité d'appliquer de façon efficace les mesures nécessaires au respect du programme" de redressement négocié avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international en échange d'un prêt de 78 milliards d'euros.
Tout en affirmant que ce plan d'aide avait évité un ajustement "abrupt et désordonné", la Banque du Portugal juge qu'il "devrait continuer à impliquer un ralentissement de l'activité économique en 2012, avec la conséquence d'une hausse du chômage et du nombre d'entreprises en faillite ou insolvables".
En raison d'une cure d'austérité sans précédent, l'économie portugaise devrait connaître cette année une récession de plus de 3% du PIB, tandis que le taux de chômage a déjà atteint un niveau record avoisinant les 15%.
En ce qui concerne le système bancaire du pays, la BdP relève qu'en 2011 "les banques portugaises ont réalisé un effort considérable de renforcement de leurs niveaux de solvabilité", avec un ratio de fonds propres dits "durs" de 9,6% en moyenne à la fin décembre.
Afin de respecter les exigences accrues de l'Autorité bancaire européenne (EBA) d'ici à la fin juin, "trois des quatre plus importantes banques devraient recourir à une aide publique", a indiqué la Banque du Portugal.
Le plan d'aide au Portugal prévoit une enveloppe de 12 milliards d'euros pour la recapitalisation du système financier. La BCP et la BPI ont déjà fait savoir qu'elles comptaient y recourir, tandis que la banque publique Caixa geral de depositos (CGD), qui n'est pas autorisée à se servir de ces fonds, verra son capital augmenté par l'Etat à hauteur d'un milliard d'euros.
Dans un contexte de "tensions persistantes sur les marchés financiers", le régulateur s'inquiète en outre de "risques substantiels" pour la liquidité des banques face à "la possibilité de nouvelles dégradations" de leur notation, évoquant aussi la crainte d'un retrait supplémentaire de capitaux étrangers.
La publication de ce rapport de la Banque du Portugal intervient pendant que la Troïka représentant les créanciers du Portugal effectue sa quatrième mission d'évaluation trimestrielle à la mise en oeuvre du plan d'aide piloté par l'UE, la BCE et le FMI.
Cet examen doit se conclure la semaine prochaine et devrait vraisemblablement aboutir à un nouveau satisfecit de ses bailleurs de fonds, puis au déblocage d'une nouvelle tranche d'aide d'environ 4 milliards d'euros.
Dans une analyse aux données budgétaires et économiques du premier trimestre, l'agence de notation Moody's a conclu lundi que le programme portugais "reste sur la bonne voie et il y a place à l'optimisme", en raison notamment d'un recul du PIB moins important que prévu (-0,1%).