par Marine Pennetier
STRASBOURG (Reuters) - Emmanuel Macron a entamé dimanche soir à Strasbourg son "itinérance mémorielle", cent ans après la fin de la Première Guerre mondiale, par un concert sur le thème de la paix européenne et du retour de l'Alsace-Moselle à la France au côté de son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier.
Les deux dirigeants ont écouté "Nocturnes" de Claude Debussy et "Concerto pour violon et orchestre" de Ludwig van Beethoven interprétés pour l'occasion dans la cathédrale Notre-Dame par 80 musiciens de l'orchestre symphonique de l’Académie supérieure de Strasbourg.
Leur rencontre est la première étape du périple de sept jours d'Emmanuel Macron qui le conduira dans l'Est et le Nord, sur les sites emblématiques de la Grande Guerre, des champs de bataille de Verdun à Reims, en passant par les Éparges ou encore Morhange.
"Moi je pense que les Poilus, 'Ceux de 14', selon la formule de (l'écrivain Maurice-NDLR) Genevoix, sont des héros, ces hommes et ces femmes qui ont tenu le pays, qui sont allés au front, qui étaient à la fois des soldats et des hommes comme les autres", souligne le chef de l'Etat dans une interview aux journaux régionaux du groupe Ebra, dont l'Est Républicain, à paraître lundi.
"C’est très important dans un pays comme le nôtre de ne pas oublier ces héros. Je souhaite que chaque enfant de la République sache pourquoi il est libre et pourquoi aujourd’hui on peut débattre librement du choix de la société que l’on veut", ajoute-t-il.
CARBURANT ET POUVOIR D'ACHAT
Parallèlement à ces étapes, le chef de l'Etat a prévu de rencontrer les élus et les habitants de ces territoires, frappés par le chômage, et d'aborder notamment les questions d'accès aux soins ou encore de lutte contre la pauvreté. Le conseil des ministres sera délocalisé pour l'occasion mercredi à Charleville-Mézières (Ardennes).
Son déplacement s'achèvera dimanche par la traditionnelle cérémonie du 11-Novembre sous l'Arc de Triomphe à Paris, en présence d'une soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement dont Vladimir Poutine, Donald Trump et Angela Merkel, avant un "Forum pour la paix" l'après-midi.
Préparée de longue date, cette "itinérance" survient dans un contexte de grogne grandissante autour de la question du pouvoir d'achat et de la hausse du prix du carburant. Interrogé à ce sujet par les journaux du groupe Ebra, Emmanuel Macron explique comprendre et "respecter" les doutes sur le pouvoir d'achat.
"Je ne dis pas comme par le passé, ' Souffrez en silence, ça va aller mieux'. Non, on entend ça depuis trop longtemps. Nous agirons notamment en supprimant les cotisations salariales sur la maladie et le chômage ou en supprimant la taxe d’habitation."
"Plus profondément, je crois qu’une partie de la population doute en disant : ' On me demande trop de m’adapter à un monde que je ne connais pas et c’est insupportable '; ça il faut l’entendre", a-t-il poursuivi.
La contestation contre l’augmentation des prix des carburants, forte notamment d’une pétition signée par plus de 700.000 personnes, s’est récemment cristallisée autour d’un appel au blocage des routes le 17 novembre prochain.
Le budget 2019 prévoit d’augmenter les taxes sur le gazole de plus de 6 centimes d’euros par litre, et celles sur l’essence de près de trois centimes. L’exécutif exclut de transiger sur cette fiscalité "verte" mais promet de revaloriser les aides aux particuliers.
"J’assume parfaitement que la fiscalité due au diesel soit au niveau de celle de l’essence et je préfère la taxation du carburant à la taxation du travail", indique Emmanuel Macron. "Les mêmes qui râlent sur la hausse du carburant réclament aussi qu’on lutte contre la pollution de l’air parce que leurs enfants souffrent de maladies".
Le chef de l'Etat annonce également avoir demandé au gouvernement, dans le cadre de la loi Mobilité, de "trouver des solutions pour qu’avec les employeurs, les salariés qui doivent utiliser au quotidien leur voiture puissent être aidés davantage."
(Edité par Sophie Louet)