ABOU DHABI (Reuters) - Emmanuel Macron a inauguré mercredi le Louvre Abou Dhabi, qu'il a qualifié de "merveilleux piège à bêtise", et mis en garde contre l'ouverture d'un nouveau front au Moyen-Orient, entre l'Arabie saoudite et l'Iran.
Déjà vives, les tensions entre les deux puissances rivales sont montées d'un cran après l'interception, près de Ryad, d'un missile tiré du Yémen. L'Arabie saoudite a accusé l'Iran, soutien des rebelles houthis au Yémen, d'être l'auteur de cette "agression militaire", ce que Téhéran a démenti.
"Aujourd'hui plus que jamais nous avons besoin d'une région de paix et d'acteurs régionaux responsables qui oeuvrent pour la stabilité au Moyen-Orient", déclare le président français dans un entretien au quotidien émirati Al Etihad.
"L'ouverture d'un front supplémentaire ne ferait qu'exacerber les tensions et déstabiliserait encore un peu plus la région", ajoute-t-il, en appelant à "rester ferme face à l'Iran concernant ses activités régionales et son programme balistique".
Inaugurant le Louvre Abou Dhabi, il a salué un lieu rassemblant des oeuvres de tous les continents et jugé que "la beauté sauvera le monde".
"Nous n’avons rien de plus urgent ni de plus important à faire que de promouvoir la culture, l'éducation, la beauté", a-t-il dit.
Avec ce musée, "nous allons attraper toutes la bêtise du monde et la détruire". "C'est ce message envoyé contre tous les obscurantismes."
BASE MILITAIRE ET FORUM ECONOMIQUE
Le Louvre Abou Dhabi, qui ouvrira ses portes le 11 novembre, espère attirer des millions de visiteurs dans la capitale des Emirats arabes unis.
Conçu en bord de mer par l'architecte Jean Nouvel, il présentera des pièces archéologiques et des oeuvres contemporaines, qui montreront les grandes étapes du développement humain et mettront l'accent sur les liens entre les différentes cultures.
La France veut organiser début 2018 une conférence sur le financement du terrorisme, à Paris, et compte sur le soutien des Emirats arabes unis, avec qui la coopération dans ces domaines est jugée "dense et efficace".
Sur le conflit au Yémen, Emmanuel Macron devrait plaider à nouveau pour l'apaisement et le dialogue, la France estimant qu'aucune solution militaire n'est possible.
Si la coopération militaire avec les Emirats sera au menu des discussions, aucune annonce n'est attendue sur le dossier Rafale, l'avion de combat de Dassault.
D'autres contrats sont en cours de finalisation, en particulier dans l'énergie.
Emmanuel Macron ira jeudi matin sur la base navale française d'Abou Dhabi, où plusieurs centaines de militaires français sont positionnées, puis à l'université Paris-Sorbonne Abou Dhabi, avant de se rendre à Dubaï pour un entretien à la mi-journée avec l'émir Mohamed bin Rached al Maktoum.
Il se rendra ensuite à l'université Zayed de Dubaï et clôturera un forum économique franco-émirien auquel devraient assister quelque 300 dirigeants économiques, avant de tenir une conférence de presse.
Il rencontrera ensuite la communauté française au lycée français Georges Pompidou, où il prononcera un discours.
Emmanuel Macron est en particulier accompagné de Jean-Yves Le Drian, de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, et de chefs d'entreprise.
(Bureau d'Abou Dhabi, Marine Pennetier, Jean-Baptiste Vey et John Irish à Paris, édité par Yves Clarisse)