PARIS (Reuters) - "Sur le corps des Yéménites, passent la guerre, l'hypocrisie internationale et les armes" : l'artiste Murad Subay, surnommé le "Banksy du Yémen", a dévoilé mardi à Paris une fresque murale de trois mètres de haut qui dénonce, sur fond rouge, la vente d'armes françaises à la coalition qui intervient militairement dans son pays.
Intitulée "Dernière danse avec les morts", cette oeuvre sur laquelle apparaissent trois corps dansant comme des pantins désarticulés sera visible pendant une semaine au carrefour des rues Vieille-du-Temple et des Quatre-Fils, dans le IIIe arrondissement de la capitale.
"Ça s'inspire d'histoires réelles de personnes qui sont mortes dans le conflit", explique Murad Subay, qui est venu se réfugier en France il y a 18 mois et bénéficie du fonds de protection des artistes (APF). "J'essaie de montrer comment la guerre affecte les gens", ajoute l'artiste de 32 ans, exprimant l'espoir de voir la France mettre un terme à ses livraisons d'armes.
Selon un récent décompte de l'ONG Acled (Armed Conflict Location and Event Project), le conflit qui a débuté au Yémen en 2015 a fait plus de 100.000 morts, dont de nombreux civils.
Les ONG exhortent régulièrement la France, troisième pays exportateur d’armes dans le monde après les Etats-Unis et la Russie, à suspendre ses ventes d'armement à l’Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis, qui interviennent militairement au Yémen contre les rebelles Houthis.
Face aux critiques, Emmanuel Macron a assuré en mai avoir les garanties de la part de Ryad et d'Aboud Dabi que les armes qui leur sont vendues ne sont pas utilisées contre des civils au Yémen, sans donner plus de précisions.
"Nous demandons depuis plus de deux ans l’arrêt des ventes d’armes. Est-ce que nous pouvons dire que les ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis ont cessé ? Bien sûr que non", déplore Aymeric Elluin, chargé de la question des armes à Amnesty International France.
(John Irish, version française Marine Pennetier, édité par Simon Carraud)