PARIS (Reuters) - Salah Abdeslam a désigné devant les enquêteurs belges Abdelhamid Abaaoud comme le "responsable" des commandos du 13 novembre 2015 à Paris, selon des extraits d'une audition de ce suspect-clef que la chaîne BFM TV dit avoir consultés.
D'après lui, "neuf personnes plus lui" ont directement participé à ces attaques, pour lesquelles il était recherché depuis le 14 novembre jusqu'à la fin de sa cavale la semaine dernière à Molenbeek, dans l'agglomération bruxelloise.
"C'est Abaaoud. Je le sais via mon frère, Brahim. C'est lui qui m'a expliqué qu'Abaaoud était le responsable", a affirmé Salah Abdeslam devant la police fédérale belge le 19 mars, au lendemain de son arrestation.
Toujours d'après BFM TV, il a reconnu lors de cet interrogatoire avoir "loué des voitures et des hôtels à la demande" de son frère, qui s'est fait exploser le soir du 13 novembre dans un café de l'Est parisien.
Lui-même dit avoir renoncé à actionner sa ceinture d'explosifs aux abords du stade de France, où trois autres assaillants se sont fait exploser.
"J'ai renoncé lorsque j'ai stationné le véhicule. J'ai déposé mes trois passagers, puis j'ai redémarré. J'ai roulé au hasard, j'ai stationné la voiture j'ignore où", a-t-il affirmé devant les enquêteurs.
Le procureur de Paris, François Molins, avait révélé samedi dernier que Salah Abdeslam avait affirmé avoir abandonné son projet initial, tout en précisant qu'il fallait prendre ces déclarations "avec précaution".
"(Elles) laissent en suspens toute une série d'interrogations sur lesquelles Salah Abdeslam devra s'expliquer, en particulier quant à sa présence dans le 18e arrondissement le 13 novembre au soir dès 22h00", avait ajouté François Molins.
Le procureur de Paris avait rappelé à cette occasion que l'organisation djihadiste Etat islamique avait mentionné le 18e arrondissement dans son message de revendication, alors qu'aucune attaque n'y a eu lieu le 13 novembre.
Lors de son audition, Salah Abdeslam a par ailleurs dit n'avoir rencontré Abdelhamid Abaaoud qu'une fois, dans la nuit du 11 au 12 novembre, alors même que, selon la presse belge, les deux hommes ont été condamnés pour vols en 2011.
Abdelhamid Abaaoud est mort le 18 novembre dans un assaut donné par les forces de sécurité contre un appartement de Saint-Denis, au nord de Paris.
(Simon Carraud, édité par Nicolas Delame)