LIMA (Reuters) - La 20e conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, réunie à Lima au Pérou, a approuvé dans la nuit de samedi à dimanche les éléments de base d'un futur traité mondial sur le climat qui devra être conclu à la conférence de Paris fin 2015.
Au terme de négociations marathon qui se sont achevées après une prolongation d'une trentaine d'heures, le document final de quatre pages invite les pays participants à présenter au début de l'année prochaine -avant une date-butoir informelle au 31 mars- leurs propres plans nationaux de lutte contre le réchauffement climatique, afin de constituer une base pour un futur traité à conclure lors du sommet sur le climat prévu à Paris en décembre 2015.
En vertu de l'accord, les engagements des différents pays en matière de lutte contre le réchauffement climatique seront compilés dans un rapport qui sera établi au plus tard le 1er novembre 2015, cela afin d'évaluer leurs effets combinés pour freiner la hausse des températures.
Le texte expose une vaste gamme de possibilités en vue de l'accord de Paris, dont celle de viser un objectif zéro d'émissions de C02 à l'horizon 2100, voire plus tôt, via un abandon des combustibles fossiles au profit des énergies renouvelables.
La majeure partie des décisions difficiles sur les moyens de freiner les changements climatiques ont été remises à l'année prochaine. "Il restera beaucoup à faire à Paris l'an prochain", a ainsi déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Le texte final adopté à Lima a apaisé les pays émergents, dont la Chine et l'Inde, qui craignaient que les esquisses précédentes n'imposent à leurs économies un fardeau trop lourd, par comparaison avec les pays riches, en matière d'efforts pour freiner le réchauffement mondial.
"Nous avons obtenu ce que nous voulions", a déclaré le ministre indien de l'Environnement, Prakash Javedekar, satisfait de voir que le texte préserve l'idée que les pays riches doivent montrer l'exemple en matière de réduction des gaz à effet de serre.
L'accord trouvé à l'issue des deux semaines de négociations de Lima dit clairement que les pays riches devront fournir un soutien financier aux pays en développement, a-t-il ajouté.
L'accord satisfait également les pays riches, emmenés par les Etats-Unis, pour lesquels il est temps que les économies émergentes contiennent leurs émissions de gaz à effet de serre, en forte augmentation ces dernières années. La Chine est désormais le plus gros pollueur de la planète, devant les Etats-Unis, l'Union européenne et l'Inde.
DÉCEPTION DES ONG ENVIRONNEMENTALES
"C'est un bon document pour préparer Paris", a dit ainsi à Reuters le commissaire européen à l'Energie et au Climat, Miguel Arias Canete.
Même ainsi, le secrétariat des Nations unies au changement climatique a indiqué que les engagements combinés de tous les pays, en vue de la conférence de Paris, ne suffiront pas pour atteindre l'objectif affiché, à savoir limiter le réchauffement à 2° Celsius au-dessus de la température moyenne de l'ère pré-industrielle.
Aussi les organisations environnementales estiment-elles que l'accord trouvé à Lima, dans un camp de tentes installé sur une base militaire, est beaucoup trop timoré.
"Nous sommes passés de faible à un cran plus faible, et ensuite à ce qu'on pouvait faire de plus faible", a estimé Samantha Smith, de l'ONG WWF, au sujet des projets successifs rédigés à Lima. "Cela laisse une tâche énorme à accomplir aux gouvernements et à tous les autres acteurs dans les 12 mois à venir".
Greenpeace a estimé dans un communiqué que "sans surprise, les actes sont absents" à la conférence de Lima. "On est très loin d'un accord qui enclencherait enfin la sortie des énergies fossiles, condition pour lutter contre les dérèglements climatiques selon le Giec (NDLR, Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat)", écrit Greenpeace.
"Les résultats de Lima sont médiocres mais sans surprise", déclare Sébastien Blavier, chargé de campagne énergie à Greenpeace France.
L'idée d'aboutir à Paris à un traité international imposant des obligations à tous les pays marque une évolution nette par rapport au protocole de Kyoto (1997), qui n'imposait qu'aux seuls pays riches de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
"Ce à quoi nous assistons, c'est à une nouvelle forme de coopération internationale sur les changements climatiques, par laquelle l'ensemble des pays participeront, avec une batterie de nouvelles réglementations", analyse Jennifer Morgan, du club de réflexion World Resources Institute.
(Alister Doyle et Valerie Volcovici; Eric Faye pour le service français)