par Cyril Altmeyer
PARIS (Reuters) - Air France-KLM (PA:AIRF) a nommé mardi une équipe présidée par Anne-Marie Couderc, assistée d'un triumvirat de dirigeants pour piloter le groupe le temps d'une transition "la plus brève possible" dans l'attente d'un nouveau PDG, sur fond de crise sociale à Air France.
La configuration choisie adjoint à la présidente non exécutive Anne-Marie Couderc, 68 ans, ex-patronne de presse sans expérience directe de l'aérien, un comité de direction collégiale (CDC).
Ce comité sera composé des directeurs généraux d'Air France Franck Terner et de KLM Pieter Elbers ainsi que du directeur financier du groupe Frédéric Gagey qui assumera les fonctions du directeur général et de porte-parole du CDC pendant la période de transition.
"La gouvernance de transition retenue ne préjuge donc en rien de la gouvernance pérenne qui sera décidée par le conseil dont la mise en place mettra fin à la période de transition et les fonctions liées à celle-ci", a souligné le groupe.
Cette annonce n'a guère soulagé le marché. A 17h14, l'action Air France-KLM perdait 4,31% à 7,15 euros, alors que l'indice SBF120 était quasiment stable (-0,1%) à la même heure.
Une source proche de l'Elysée a estimé "logique" mardi matin de se donner le temps pour trouver un PDG.
L'Etat français, qui détient 14% du capital d'Air France-KLM et 23% de ses droits de vote, aura son mot à dire, mais le groupe n'est ni un monopole ni une entreprise publique, a souligné cette source.
Frédéric Gagey était devenu directeur financier d'Air France-KLM en 2016 après avoir quitté son poste de PDG d'Air France, ayant lui aussi échoué à s'entendre avec les syndicats de la compagnie française.
RÉSISTER EN EUROPE POUR NE PAS DISPARAÎTRE
Le groupe précise aussi que le directeur général d’Air France Franck Terner n’a pas reçu du conseil de nouveau mandat pour prendre des décisions remettant en cause la "stratégie de croissance" du groupe, limitant de fait ses marges de manœuvre face aux syndicats.
L'intersyndicale d'Air France, qui a rejeté le projet d'accord salarial de la direction le 4 mai, a mené 15 jours de grève entre le 22 février et le 8 mai, dont le coût est estimé à près de 400 millions d'euros.
"Il serait dommage après tous les stratagèmes et les millions gâchés de MM. Gateau (directeur des ressources humaines, NDLR) et Terner pour contourner la négociation, d'être obligés de repartir en conflit", a déclaré à Reuters Françoise Redolfi, représentante de l'UNSA-PNC, membre de l'intersyndicale.
Cette coordination de dix syndicats de toutes les catégories professionnelles, qui a décidé en début de semaine dernière de faire une pause dans les appels à la grève, doit se réunir mercredi pour faire le point, ont déclaré à Reuters des sources syndicales.
Jean-Marc Janaillac, dont la démission prend effet ce mardi, à l'issue de l'assemblée générale de la compagnie, a estimé qu'Air France-KLM devrait pérenniser la stratégie d'investissement engagée face à la croissance beaucoup plus rapide d'IAG (LON:ICAG) et Lufthansa (DE:LHAG), un des arguments avancés par la direction d'Air France pour refuser d'accorder des hausses de salaires jugées trop généreuses.
Le président sortant, qui avait annoncé en janvier son intention de présenter un plan stratégique de moyen terme en juin, a insisté sur la nécessité pour Air France-KLM de défendre ses positions en Europe face aux compagnies low cost easyJet (LON:EZJ) et Ryanair (LON:RYA).
"Les compagnies nationales qui ont disparu ou qui se sont affaiblies avaient souvent perdu leur place de numéro un sur leur base nationale", a-t-il dit aux actionnaires citant Alitalia, la compagnie belge Sabena et la suisse Swissair.
PARTENARIATS ET COENTREPRISES
Mais partenariats et coentreprises permettent à Air France et KLM de renforcer hors d'Europe leur puissance acquise lors la fusion en 2004, alors à l'avant-poste de la consolidation en Europe.
Jean-Marc Janaillac a ainsi paraphé mardi l'accord de coentreprise transatlantique avec Delta Air Lines et Virgin Atlantic sur le segment de marché le plus lucratif au monde.
Ce projet, qui va être soumis mercredi aux autorités de concurrence américaines et européennes, s'inscrit dans le renforcement du réseau d'alliances d'Air France-KLM annoncé en juillet 2017.
Le groupe franco-néerlandais avait à cette occasion annoncé l'entrée à son capital les compagnies Delta Air Lines et China Eastern, qui détiennent près de 9% chacune, et une prise de participation de 31% dans Virgin Atlantic.
(Avec Jean-Baptiste Vey, édité par Pascale Denis)