par Osama Khairy
LE CAIRE (Reuters) - Le football arabe a gâché sa chance de faire élire son premier président de la Fifa, ses deux candidats n'ayant pas réussi à faire cause commune lors de l'élection de vendredi, ce qui a permis à l'Italo-Suisse Gianni Infantino de les coiffer au poteau.
Gianni Infantino, secrétaire général de l'UEFA, a obtenu 88 voix au premier tour de scrutin, où une majorité des deux tiers était nécessaire, trois de plus que le cheikh bahreïni Salman bin Ebrahim al Khalifa, président de la Confédération asiatique de football (AFC) tandis que le prince jordanien Ali Bin al Hussein en obtenait 27 et le Français Jérôme Champagne sept.
Le cheikh Salman aurait accru ses chances s'il avait uni ses efforts à ceux du prince Ali, Gianni Infantino ayant gagné au second tour avec 115 des 207 suffrages, soit plus que la majorité requise de 104. Le cheikh Salman a obtenu 88 voix et le prince quatre. Le Français Jérôme Champagne n'a obtenu aucune voix lors de ce second tour.
Le Sud-Africain Tokyo Sexwale avait annoncé son retrait avant le début du vote.
La Confédération africaine de football (CAF) a apporté son soutien au cheikh Salman. La confédération de celui-ci, l'AFC, a dit qu'elle l'avait soutenu mais il semble que certains de ses pays ne lui aient pas apporté leur voix.
"L'Afrique a tenu ses promesses, mais il est clair que quelques chose est arrivé avec les pays asiatiques et c'est cela qui est derrière le résultat final", a déclaré le président de la Fédération de football du Soudan, Mutasim Jaffar.
"Le cheikh Salman dépendait beaucoup de l'Afrique et de l'Asie et le plan était d'obtenir 100 voix au premier tour. Il faut qu'il découvre ce qui s'est passé avec le vote de chez lui", a ajouté Mutasim Jaffar.
Le président de la Fédération de Bahreïn Ali Al Khalifa a évoqué des promesses non tenues.
"DIVISÉS COMME D'HABITUDE"
"Certains pays ont fait des promesses mais ne les ont pas tenues. Nous sommes tous arabes mais, malheureusement, certains soutiennent le candidat de l'autre partie. Nous espérons que cela change à l'avenir", a déclaré Ali Al Khalifa dans une interview télévisée. "Nous, Arabes, devrions unir nos efforts et être clairs entre nous."
"Il est apparu des le premier tour que certains pays avaient rejoint l'autre partie. Nous devons maintenant regarder vers l'avenir et aider le nouveau président de la Fifa à la sortir de la crise", a-t-il ajouté.
Le vote de vendredi était la deuxième chance pour le football arabe de parvenir à la présidence de la Fifa après le scrutin du mois de mai lors duquel le prince Ali avait perdu avec 73 voix face au président sortant, le Suisse Sepp Blatter, qui avait obtenu 133 voix. Le cheikh Salman avait à l'époque annoncé son soutien à Sepp Blatter.
Dans un contexte d'accusations de corruption autour de la FIFA, Blatter avait dû démissionner quatre jours après avoir remporté son dernier mandat. Il a depuis été interdit de toute activité de football pour une période de six ans pour violations éthiques.
"Les Arabes ont divisés comme d'habitude. Une chance historique a été gaspillée et elle ne reviendra pas", commente le journaliste arabe Moustafa Agha sur Twitter. "Infantino a gagné parce que les arabes étaient divisés. S'il y avait eu coopération, nous pourrions avoir eu un président arabe."
Pour que le cheikh Salman et le prince Ali aient pu coopérer, il aurait fallu qu'ils mettent de côté leurs différends passés.
Quand le cheikh Salman est devenu président de l'AFC en 2013, il a procédé à des changements qui, de fait, ont fait perdre au prince Ali son siège de représentant de l'Asie au comité exécutif de la Fifa.
Cette absence de soutien s'est poursuivie quand le cheikh Salman a fait savoir que l'AFC soutiendrait Sepp Blatter face à l'importe quel autre candidat lors des précédentes élections, y compris lors du scrutin de mai dernier.
(Danielle Rouquié pour le service français)