par Shoon Naing et Toby Sterling
LA HAYE (Reuters) - Aung San Suu Kyi, cheffe du gouvernement birman et ex-opposante à l'aura internationale, est arrivée mardi à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, aux Pays-Bas, pour assurer la défense de son pays, accusé de génocide contre la minorité Rohingya.
L'audience, qui est publique, doit s'étaler sur trois jours.
En dépit des condamnations internationales, la lauréate du prix Nobel de la paix 1991 n'a jamais désapprouvé la violente campagne de répression menée par l'armée birmane contre cette minorité musulmane établie dans l'ouest du pays.
En 2017, plus de 730.000 Rohingya ont fui vers le Bangladesh pour échapper à ces violences, guidées selon les Nations unies par des "intentions génocidaires" qui se sont traduites par des massacres et des viols à grande échelle.
Le gouvernement s'est constamment défendu en assurant qu'il s'agissait là d'une réaction légitime à des attaques menées par des militants Rohingya.
La procédure à La Haye a été déclenchée par une plainte pour génocide, le crime le plus grave au regard de la législation internationale, déposée le mois dernier par la Gambie, un pays de l'Ouest africain à majorité musulmane, au nom de l'Organisation de la coopération islamique (OCI).
A l'ouverture de l'audience, le ministre gambien de la Justice, Aboubacarr Tambadou, a demandé à la Cour de mettre fin aux "meurtres insensés" perpétrés par l'armée birmane ainsi qu'aux "actes de barbarie et de brutalité qui ont heurté et continuent à heurter notre conscience collective".
Les déclarations répétées d'Aung San Suu Kyi, jadis auréolée de son combat contre la junte militaire, ont entaché sa réputation à l'étranger mais n'ont en rien entamé son immense popularité en Birmanie.
Plusieurs milliers de ses partisans ont manifesté mardi à Rangoun, capitale économique du pays, et la semaine dernière à Naypyidaw, capitale administrative, à la veille de son départ pour les Pays-Bas.
(Version française Simon Carraud)