par Andrew MacAskill
LONDRES (Reuters) - La Grande-Bretagne menace d'expulser les citoyens de l'Union européenne qui n'auront pas demandé à temps le nouveau statut d'immigré qui sera mis en place après le Brexit et elle n'accordera de dérogations qu'à titre exceptionnel, selon des sources informées de ces projets.
Dans le cadre de directives restées jusqu'à présent inconnues du grand public, le gouvernement conservateur a défini une courte liste d'exemptions, comme pour les personnes souffrant d'un handicap physique ou mental ou pour les enfants dont les parents n'ont pas effectué la démarche à leur place.
Avec la sortie à venir de la Grande-Bretagne de l'UE, les autorités britanniques procèdent à une révision en profondeur des règles en matière d'immigration et vont mettre fin à la priorité accordée aux citoyens européens par rapport aux ressortissants d'autres pays. Les immigrés européens vont ainsi devoir solliciter une forme d'autorisation préalable du gouvernement pour pouvoir rester en Grande-Bretagne.
Les chiffres officiels montrent qu'à peine plus de la moitié des 3,5 millions de citoyens de l'UE vivant en Grande-Bretagne ont obtenu leur nouveau statut juridique alors que la date butoir est fixée au 31 décembre 2020.
Des avocats spécialistes des questions d'immigration disent avoir été invités il y a quelques mois au Home Office, le ministère britannique de l'Intérieur, pour y être informés de ces nouvelles directives sur l'immigration.
Le gouvernement n'a pas précisé quand ils les publieraient, alors que des élections législatives sont prévues le 12 décembre.
"Nous parlons d'un seuil assez élevé, il ne suffira pas de dire 'j'ai oublié'", a dit l'un de ces avocats. "Si une personne ne dépose pas de demande avant la date butoir, elle ne disposera plus de résidence légale. Et alors la procédure d'expulsion sera déclenchée."
Dans un communiqué, le Home Office a déclaré que les personnes ne parvenant pas à respecter cette date butoir sans que cela soit de leur responsabilité pourront tout de même déposer une demande pour bénéficier du nouveau statut.
Une étude réalisée en mars a montré que dans des procédures similaires concernant de vastes populations, le taux d'enregistrement des personnes concernées avait varié de moins de 20% au Royaume-Uni à 43% aux Etats-Unis et 77% en Espagne. Le seul programme ayant atteint un taux proche de 100% a été le système d'enregistrement pour la création de cartes d'identité en Inde.
Si le plan britannique atteignait un taux de réussite de 95%, il resterait tout de même plus de 175.000 personnes menacées d'expulsion.
(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Henri-Pierre André)