par Emmanuel Jarry
PARIS (Reuters) - La cote du ministre de l'Intérieur français a bondi de 16 points en une semaine, après les attentats des 7, 8 et 9 janvier qui ont fait 17 morts à Paris et Montrouge et la traque des trois tueurs, selon une enquête Odoxa pour Le Parisien Dimanche.
"En une semaine, 'Bernard qui?' est devenu Bernard Cazeneuve, LE ministre de l'Intérieur connu de tous, respecté et extrêmement populaire", écrit Céline Bracq, directrice générale de cet institut de sondage.
Sur 1.008 personnes interrogées les 15 et 16 janvier, 77% estiment qu'il a été à la hauteur de ces événements tragiques.
Résultat: 70% des sondés disent avoir une bonne opinion de lui alors qu'ils n'étaient que 54% dans une enquête réalisée les 8 et 9 janvier auprès de 999 personnes. Cette cote de popularité passe même à 83% chez les sympathisants de gauche.
De même, 69% des sondés de la deuxième vague jugent que Bernard Cazeneuve est un bon ministre de l'Intérieur, au lieu de 56% de ceux de la première vague, soit un bond de 13 points.
Il est jugé compétent par 67% des personnes interrogées les 15 et 16 janvier, soit 11 points de plus qu'une semaine avant ; 57% le disent courageux (+10 points) et 55% convaincant (+13).
Au point que 48% des sondés de la deuxième vague le jugent même plutôt meilleur que son prédécesseur, Manuel Valls, qui a été le ministre le plus populaire de François Hollande depuis 2012, avant de devenir chef du gouvernement.
Toutefois, cet homme de petite taille, qui cache un réel sens de l'humour sous un port austère et raide, une voix onctueuse et une parole publique maîtrisée, reste perçu majoritairement comme un technocrate (55%) distant (53%).
Bernard Cazeneuve, que son crâne dégarni et ses costumes stricts font paraître plus âgé que ses 51 ans, n'est jugé sympathique que par 43% des sondés et charismatique par 32%.
UN "SOLDAT" DE LA HOLLANDIE
François Hollande avait fait de ce socialiste proche de l'actuel chef de la diplomatie Laurent Fabius un de ses porte-parole pendant la campagne présidentielle de 2012, avant de le nommer secrétaire d'Etat aux Affaires européennes.
En bon soldat, l'ex-député maire de Cherbourg a réussi en quelques mois à faire oublier qu'il avait fait campagne pour le "non" à la constitution européenne en 2005.
Puis il a remplacé en urgence Jérôme Cahuzac, rattrapé par une affaire de compte suisse, au ministère du Budget début 2013.
C'est à ce titre qu'il a dû concocter un plan de 50 milliards d'euros d'économies, avant de succéder à Manuel Valls place Beauvau lors du remaniement ministériel précipité par la déroute socialiste aux élections municipales de mars 2014.
Un poste auquel il a montré de nouveau ses capacités d'adaptation. Mais qui lui a aussi valu de vives critiques après la mort d'un militant écologiste, Rémi Fraisse, victime d'un tir de grenade par un gendarme, lors des manifestations contre le barrage de Sivens, dans le Tarn, en octobre dernier.
Des dirigeants écologistes ont alors demandé sa démission.
Cette page semble tournée, à en juger par l'ovation que lui ont réservé mercredi les députés de tous bords, quand Manuel Valls a loué à l'Assemblée son rôle dans la traque des auteurs des attaques contre Charlie Hebdo et la résolution de la prise d'otages dans une épicerie casher.
Bernard Cazeneuve n'est cependant pas seul à bénéficier du climat créé en France par ses événements. Le chef de l'Etat et le Premier ministre ont également vu leur cote rebondir.
Selon un sondage BVA pour Orange et iTELE diffusé samedi, François Hollande est remonté à 34% de bonnes opinions, niveau qu'il n'avait plus connu depuis mai 2013. Manuel Valls a pour sa part regagné neuf points, à 44%.
(Edité par Tangi Salaün)