Dopées l'an dernier par le dispositif fiscal "Scellier" en faveur des investisseurs achetant pour louer, les ventes de logements neufs ont connu un "trou d'air" en France au premier trimestre avec une baisse de 17,2% par rapport à la même période de 2010.
"Le trou d'air constaté pendant les trois premiers mois de l'année s'explique notamment par les conséquences du boom de la fin 2010, avant une baisse des réductions d'impôts du +Scellier+, mais ce moteur des ventes ne tournera plus qu'au ralenti à l'avenir", souligne pour l'AFP Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris X-Nanterre.
Au total, 22.200 logements neufs ont été vendus par les promoteurs au cours du premier trimestre 2011, soit une baisse de 17,2% par rapport aux trois premiers mois de 2010, selon les chiffres publiés mardi par le ministère du Logement.
Le plongeon est encore plus accentué pour les ventes aux investisseurs, qui pesaient près des deux-tiers du marché en 2009 et 2010, avec une chute de 35% par rapport au premier trimestre 2010 et surtout de 46% par rapport au dernier trimestre 2010, selon la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
Au cours des quatre derniers trimestres (2e trimestre 2010-1er trimestre 2011), les ventes de logements neufs s'élèvent à 110.800, soit une progression de 2,8% par rapport aux mêmes périodes un an plus tôt.
Ce phénomène de "trou d'air" touche aussi les maisons individuelles. Après une remontée en 2009 et 2010, qui les avait presque ramenées au niveau élevé des années 2007-2008, les ventes ont accusé au mois d'avril une baisse de 9% sur un an, et de 6% sur un mois, selon l'indicateur de conjoncture publié par l'Union des maisons françaises (UMF).
Les professionnels s'inquiètent d'une possible baisse supplémentaire par Bercy des avantages fiscaux pour 2012 en raison des tensions pour boucler le budget de l'an prochain.
Alors qu'il était déjà prévu que le taux de réduction du "Scellier", pour les bâtiments basse consommation (BBC), passe de 22% en 2011 à 18%, ils craignent un nouveau coup de rabot pour le ramener à 15% l'année prochaine.
"S'il n'y a moins de +Scellier+, il y aura moins d'emplois et d'entreprises pour construire des logements", déplore auprès de l'AFP Marc Pigeon, président de la FPI.
Le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu affirme de son côté que la France "a besoin d'une fiscalité avec des avantages pour les investisseurs dans le locatif, mais qu'il faut se poser la question de son calibrage".
Pendant les mois de février, mars et avril, le nombre total de mises en chantier de logements neufs s'est élevé à 98.305 soit un bond de 30,4% sur la même période un an plus tôt, conséquence des bonnes ventes de 2009 et 2010. Sur une base annuelle, l'augmentation est de 13,5%.
Mais le nombre de permis de construire a pour sa part seulement progressé de 9,0%, à 104.032 unités, entre février et avril par rapport à la même période de 2010, même si il reste en hausse de 15,6% sur une base annuelle.
"Sans retrouver les niveaux historiquement élevés d'avant-crise, nous sommes sur un rythme de construction en cohérence avec les besoins de la population. Et la montée en puissance du PTZ (prêt à taux zéro)+ devrait permettre d'enrayer la baisse, principalement conjoncturelle, des ventes", affirme M. Apparu.