PARIS (Reuters) - Près d'une semaine après le départ du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, l'exécutif s'apprête à dévoiler une nouvelle équipe gouvernementale à l'issue d'un remaniement plus large qu'initialement prévu, qui doit permettre à Emmanuel Macron de donner un "nouveau souffle" à son quinquennat.
Comme après les élections législatives de 2017, le Premier ministre Edouard Philippe pourrait remettre sa démission au chef de l'Etat avant de se voir reconduire dans ses fonctions et être chargé de former le nouveau gouvernement, une option sur laquelle ni l'Elysée ni Matignon n'ont souhaité se prononcer.
Il pourrait également, comme l'a souligné le président de l'Assemblée nationale et pilier de la Macronie Richard Ferrand dans le Journal du Dimanche, prononcer un discours de politique générale et solliciter un vote de confiance à cette occasion.
Seule certitude, le Premier ministre est attendu à l'Elysée pour son "traditionnel déjeuner du lundi" avec Emmanuel Macron, avec qui il a été "évidemment en contact étroit" tout au long du week-end pour peaufiner ce remaniement, souligne son entourage.
Edouard Philippe, qui assure l'intérim place Beauvau dans l'attente de la nomination d'un nouveau ministre, se rendra ensuite à Lyon pour participer au sommet du G6 consacré aux enjeux migratoires, à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme.
Selon toute vraisemblance, la nouvelle équipe gouvernementale devrait être composée avant mercredi, date du prochain conseil des ministres et du départ dans l'après-midi d'Emmanuel Macron pour un déplacement en Arménie où se tient le sommet de la Francophonie.
CASSE-TÊTE
Le remaniement aura lieu "avant mercredi" a confirmé dimanche sur LCI la ministre de la Justice Nicole Belloubet, qui a souhaité qu'il pérennise "l'équilibre hommes-femmes" et qu'il comprenne "des gens de droite, de gauche, du centre, des gens de la société civile et des gens qui sont davantage marqués par le politique".
La composition de cette nouvelle équipe fait en effet figure de casse-tête pour l'exécutif qui a vu en l'espace de 17 mois partir des figures du MoDem (centre), comme François Bayrou, Sylvie Goulard ou Marielle de Sarnez, de la société civile avec Laura Flessel ou écologiste comme Nicolas Hulot, dont la démission surprise fin août a ébranlé un Emmanuel Macron à peine remis de l'affaire Benalla.
Plusieurs noms de potentiels entrants - Frédéric Péchenard, François Molins, Jean Castex - ou sortants - Françoise Nyssen, Jacques Mézard - circulent depuis plusieurs jours, des "rumeurs" balayées par l'exécutif.
"Le nombre de bêtises, fake news, manips, noms jetés en pâture, sur le remaniement, c'est vertigineux", a réagi le conseiller d'Edouard Philippe, Gilles Boyer, sur Twitter (NYSE:TWTR) dimanche.
Tout au long du week-end, ministres et élus de majorité se sont succédé dans les médias afin de minimiser la crise déclenchée par le départ avec fracas de Gérard Collomb - troisième ministre d'Etat à quitter le gouvernement depuis le début du quinquennat - et insister sur les objectifs de l'"An II".
"RENDRE LA POLITIQUE LISIBLE"
"Il faut rester fidèle au projet initial mais il faut un nouveau souffle", a notamment déclaré Richard Ferrand dans les colonnes du JDD. "Nous devons libérer, protéger et unir".
"Moi ce qui m'importe plutôt que 'qui rentre, qui sort' (...) c'est ce qu'on fait, la politique qu'on mène, c'est comment on arrive à la rendre la plus lisible possible, la plus claire possible, et qu'on insiste sur les résultats qu'on obtient", a renchéri lundi la porte-parole de La République en Marche (LaRem) Aurore Bergé, sur Franceinfo.
Il s'agira du quatrième remaniement gouvernemental depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron. Le couple exécutif avait procédé à un remaniement "technique" en juin 2017 après la très large victoire de La République en Marche (LaREM) aux élections législatives, puis à un remaniement a minima en novembre de la même année après la nomination du porte-parole Christophe Castaner à la tête du parti présidentiel.
Le 4 septembre, Emmanuel Macron avait également opté pour un remaniement "poste pour poste" après les démissions surprises de Nicolas Hulot (Transition écologique) et de Laura Flessel (Sports).
(Marine Pennetier, avec Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)