ORLEANS (Reuters) - Des cadres de la CGT demandent dans une pétition la démission en bloc de la direction de la centrale syndicale, pas seulement de son secrétaire général, Thierry Lepaon, sur la sellette depuis des révélations sur des dépenses engagées pour son compte.
Cette pétition, lancée lundi par des dirigeants régionaux et départementaux de la CGT du centre de la France, a vocation à circuler dans toutes les fédérations de l'organisation, a déclaré mercredi à Reuters Armelle Bruant, cadre CGT à TDA Armements, dans le Loiret.
"On demande le départ de Thierry Lepaon et de l'ensemble du bureau confédéral", a-t-elle ajouté. A ce jour, seul le trésorier de la confédération a démissionné.
La pétition accuse une "minorité de dirigeants" de porter atteinte à l'intégrité de toute la CGT et de ses militants par des pratiques "inacceptables".
"Ceux qui en sont à l'origine doivent collectivement et sans délai quitter les responsabilités qui leur ont été confiées."
Parmi les premiers signataires figurent des secrétaires généraux d'unions locales et départementales, de comités régionaux ou de chômeurs, d'anciens membres de la direction nationale du centre, du nord et du sud-est de la France.
"Nous recevons et vérifions quantités de signatures chaque jour", a précisé Armelle Bruant.
Les appels à la démission de Thierry Lepaon se multiplient, de la base aux instances dirigeantes, depuis les révélations sur les frais engagés pour la rénovation de son domicile de fonction et de son bureau et sur l'indemnité qu'il a perçue quand il a quitté ses responsabilités en Normandie.
La Commission exécutive confédérale de la CGT a décidé lundi, à l'issue de près de dix heures de débats, de convoquer le 13 janvier une session extraordinaire du Comité confédéral national (CCN), seule instance habilitée à destituer le secrétaire général.
"Tout ça a trop duré, ça suffit. Les militants dans les boîtes essuient des remarques. Lorsque je croise des patrons, ils ne se privent pas de m'en parler", a dit Armelle Bruant.
Au-delà de l'affaire Lepaon, les auteurs de la pétition font le procès de la politique de la première organisation syndicale française depuis le début des années 1990, ce qui vise aussi le prédécesseur de l'actuel secrétaire général, Bernard Thibault.
La crise actuelle, écrivent-ils, est le résultat d'une "capitulation" et d'une conception du syndicalisme qui a privilégié les rapprochements avec la CFDT, autre grand syndicat français, et "la négociation au détriment de l'action".
Ils dénoncent un "alignement sur les conceptions réformistes du syndicalisme européen", un abandon du "syndicalisme de lutte de classes", des "gages donnés au patronat et au gouvernement" et une "bureaucratisation de l'appareil confédéral".
(Mourad Guichard, avec Emmanuel Jarry à Paris)