par Jill Serjeant
LOS ANGELES (Reuters) - Leonardo DiCaprio, "Mad Max : Fury Road" et l'inattendu "Spotlight" ont triomphé à la 88e cérémonie des Oscars dimanche à Hollywood, lors d'une cérémonie animée par l'humour grinçant du comédien noir Chris Rock sur le racisme qui sévit encore aux Etats-Unis.
La sélection des récompenses cinématographiques américaines a suscité une énorme polémique en raison de l'absence d'acteurs noirs parmi les nommés, pour la seconde année consécutive, ce qui a poussé les organisateurs à promettre de favoriser à l'avenir une plus grande diversité.
Maître de cérémonie, Chris Rock a donné le ton en rappelant que les Afro-Américains ont longtemps été les grands absents de la sélection mais qu'ils avaient d'autres préoccupations à une époque où "leurs grand-mères étaient pendues aux arbres".
"Est-ce que Hollywood est raciste? Oui, absolument, mais c'est un racisme auquel vous vous êtes habitués", a lancé le comédien de stand-up. "S'ils avaient nommé le maître de cérémonie, je ne serais même pas là ce soir!"
"Il ne s'agit pas de boycotter", a poursuivi Chris Rock en notant les absences de Spike Lee et d'autres vedettes afro-américaines du cinéma, puis en suggérant de dédier la cérémonie aux Noirs "tués par des policiers alors qu'ils faisaient la queue pour aller au cinéma".
"Nous voulons juste avoir les mêmes chances que les acteurs blancs", a-t-il insisté.
DICAPRIO ENFIN OSCARISÉ
Ce dimanche, le plus attendu des acteurs était sans conteste Leonardo DiCaprio qui, pour sa cinquième nomination, a enfin décroché, à 41 ans, le premier Oscar de sa carrière pour son rôle de trappeur animé par une soif de vengeance dans "The Revenant".
"The Revenant", qui dominait la sélection avec 12 nominations, a obtenu deux autres statues, dont celle de meilleur réalisateur pour le Mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu, déjà sacré l'an dernier pour "Birdman". Aucun réalisateur n'avait été oscarisé deux ans de suite depuis Joseph L. Mankiewicz en 1950 et 1951.
Alejandro Gonzalez Iñarritu a aussi permis à son compatriote Emmanuel Lubezki de remporter l'Oscar de la meilleure photo pour la troisième année consécutive, une première dans l'histoire de l'Académie.
Mais "The Revenant" n'a pas totalement volé la vedette à "Spotlight" et à "Mad Max : Fury Road".
Le film de Tom McCarthy sur l'enquête des journalistes du Boston Globe qui ont fait éclater le scandale de la pédophilie au sein de l'Eglise catholique a reçu les statues du meilleur film et du meilleur scénario original.
Quant à "Mad Max", l'opus déjanté de l'Australien George Miller, qui présidera le prochain Festival de Cannes, il a obtenu pas moins de six récompenses techniques: meilleurs costumes, décors, maquillage et coiffure, montage, montage son et mixage son.
L'Oscar de la meilleure actrice a été attribué à Brie Larson, 26 ans, pour son rôle dans "Room".
"MUSTANG" S'INCLINE FACE AU "FILS DE SAUL"
Moins heureux que Leonardo DiCaprio, Sylvester Stallone qui rêvait lui aussi d'obtenir, à 69 ans, un premier Oscar pour avoir redonné vie à Rocky Balboa dans "Creed", a dû céder la vedette au Britannique Mark Rylance, couronné meilleur second rôle masculin pour sa composition d'agent secret russe dans "Le pont des espions", de Steven Spielberg.
Le meilleur second rôle féminin est revenu à la Suédoise Alicia Vikander, éblouissante dans "Danish Girl" et qui a notamment devancé l'ancienne partenaire de DiCaprio dans "Titanic", Kate Winslet.
Le prix du meilleur film d'animation a été décerné à Vice-Versa, la plongée proposée par Walt Disney et Pixar dans la tête et les émotions de Riley, une fillette de 11 ans.
L'Italien Ennio Morricone, 87 ans, a eu droit à une longue ovation de la salle lorsqu'il a reçu l'Oscar de la meilleure musique originale pour "Les huit salopards", de Quentin Tarantino, sa première statue après cinq nominations infructueuses et un Oscar d'honneur en 2007.
Le cinéma français, qui plaçait de grands espoirs dans "Mustang", l'un des cinq long-métrages en lice pour le trophée du meilleur film étranger, devra encore patienter pour trouver un successeur à "Indochine", récompensé en 1993.
Malgré un bon accueil de la critique américaine, le film de la réalisatrice Deniz Gamze Ergüven racontant la vie de cinq soeurs dans un village conservateur de Turquie n'a pas empêché le grand favori, Le fils de Saul, du Hongrois László Nemes, sur l'Holocauste, de décrocher l'Oscar après le Golden Globe.
Le court métrage de fiction "Ave Maria", de Basil Khalil et Éric Dupont, a également été devancé sans sa catégorie par "Stutterer".
(Tangi Salaün pour le service français)