par Samia Nakhoul
TEHERAN (Reuters) - Le dépouillement des bulletins de vote a commencé samedi en Iran au lendemain d'élections très disputées entre réformateurs qui veulent poursuivre l'ouverture du pays et conservateurs attachés à une République islamique anti-occidentale.
Le double scrutin de vendredi, pour élire les membres du Parlement et de l'Assemblée des experts, l'instance religieuse chargée de désigner le Guide suprême, est considéré par certains analystes comme un tournant potentiel susceptible de façonner l'avenir de la prochaine génération dans un pays où près des deux tiers des 80 millions d'habitants ont moins de 30 ans.
Ces élections sont également les premières depuis l'accord d'encadrement du programme nucléaire iranien signé en juillet dernier avec les grandes puissances en échange d'une levée des sanctions qui ont paralysé économiquement le pays ces dix dernières années.
Le taux de participation a été très élevé. En raison de l'affluence, la fermeture des bureaux de vote a été repoussée par cinq fois pour un total de près de six heures.
Un porte-parole du ministère de l'Intérieur a indiqué que plus de 33 millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, ce qui équivaudrait à une participation d'environ 60%, mais ce chiffre est sans doute appelé à augmenter.
Certains analystes évaluent la participation à environ 38 millions tandis que le ministre de l'Intérieur Abdolreza Rahmani Fazli, interrogé sur la télévision nationale avant le scrutin, a rappelé que les enquêtes d'opinion avançaient un taux de 70% de mobilisation.
Les autorités avaient promis que tous les Iraniens auraient le droit de voter. Vendredi, le dirigeant de l'opposition Mir Hossein Moussavi et son épouse ont voté pour la première fois depuis leur mise en résidence surveillée en 2011, a déclaré à Reuters un proche de l'ancien Premier ministre.
Aucun résultat n'est encore disponible, a déclaré la télévision nationale aux informations de la matinée. Le ministère de l'Intérieur a fait savoir qu'aucun résultat ne serait considéré comme valide avant son annonce officielle par le ministère.
Les agences de presse iraniennes Fars et Tasnim, toutes deux proches des conservateurs, avaient auparavant commencé à publier des "listes officieuses de vainqueurs" et annoncé de premières victoires pour ce camp.
Un décompte de Fars donnait déjà élus une trentaine de députés et une vingtaine de membres de l'Assemblée des experts, pour la plupart des conservateurs.
Il faudra peut-être plusieurs jours pour que le nouveau paysage politique iranien se dessine clairement.
Traditionnellement, les conservateurs sont bien implantés dans les zones rurales tandis que les modérés proches du président Hassan Rohani ont les faveurs des jeunes urbains.
(Avec Parisa Hafezi et Bozorgmehr Sharafedin; Danielle Rouquié pour le service français)