Feu vert du Conseil constitutionnel au procès de Sarkozy pour Bygmalion

Publié le 17/05/2019 12:34
© Reuters. FEU VERT DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL AU PROCÈS DE SARKOZY POUR BYGMALION

PARIS (Reuters) - Le Conseil constitutionnel a estimé vendredi que rien ne s'opposait à ce que Nicolas Sarkozy soit jugé dans l'affaire "Bygmalion" de financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, un nouveau pas vers un procès en correctionnelle.

L'ancien chef de l'Etat avait soulevé une question préalable de constitutionnalité (QPC), arguant du fait qu'il ne pouvait être sanctionné deux fois pour les mêmes faits, le Conseil constitutionnel lui ayant infligé en 2013 une pénalité de plus de 360.000 euros après invalidation de ses comptes de campagne.

Mais les "Sages" ont estimé que cette sanction était "différente de la peine d'emprisonnement encourue par le candidat poursuivi pour le délit de dépassement du plafond des dépenses électorales" et qu'un procès pouvait avoir lieu pour "sanctionner les éventuels manquements à la probité".

"Le Conseil constitutionnel, ce matin, a considéré que (...) c'était possible. C'est sa décision, elle s'impose à tous", a réagi sur LCI l'un des avocats de l'ancien chef de l'Etat, Emmanuel Piwnica. "On ne peut qu'être déçu."

La Cour d'appel de Paris a déjà rejeté en octobre dernier les recours de Nicolas Sarkozy contre l'ordonnance qui le renvoie devant un tribunal avec 13 autres personnes pour ce dossier. Une ordonnance signée par un seul des deux juges d'instruction chargés de l'affaire, Serge Tournaire.

Nicolas Sarkozy s'est pourvu en cassation contre cette décision de la Cour d'appel, ce qui constitue sa dernière chance d'éviter un procès dans ce dossier.

Le juge Tournaire lui reproche d'avoir dépensé au moins 42,8 millions d'euros pour sa campagne perdue de 2012, face au socialiste François Hollande, soit plus de 20 millions d'euros au-dessus du plafond autorisé. Des dépenses engagées "sans tenir compte de deux alertes adressées par les experts comptables de sa campagne les 7 mars et 26 avril 2012".

SYSTÈME FRAUDULEUX DE FACTURATION

L'enquête a établi que ces dépenses avaient été couvertes par un système frauduleux de facturation, de minoration ou d'omission déclarative, au coeur duquel figurent la société prestataire de service Bygmalion et sa filiale Event & Cie.

Si l'enquête n'a pas établi que Nicolas Sarkozy avait ordonné ces fraudes, y avait participé ou même en avait été informé, des allégations que l'ancien président conteste, il en a "incontestablement bénéficié" et elles lui ont permis de disposer de moyens "bien supérieurs à ce que la loi autorisait", lit-on dans l'ordonnance.

Pour le juge, même si ses fonctions accaparaient Nicolas Sarkozy, son autorité, son expérience et l'enjeu de la campagne "rendent peu crédible l'hypothèse d'un candidat (...) laissant ses équipes ou son parti (...) décider à sa place".

La défense de Nicolas Sarkozy juge "fantaisiste" le chiffre de 42,8 millions d'euros et assure que l'ancien chef de l'Etat n'avait pas été informé d'un quelconque dépassement.

Parmi les 13 autres personnes poursuivies dans ce dossier figurent des membres de l'équipe de campagne de l'ancien chef de l'Etat et des responsables de Bygmalion, qui ont admis l'existence d'un système frauduleux de double facturation.

Nicolas Sarkozy est déjà renvoyé en correctionnelle pour corruption active et trafic d'influence pour avoir cherché à obtenir d'un haut magistrat des informations confidentielles sur un autre dossier, l'affaire Bettencourt, dans lequel il était cité, en échange de son intervention pour une nomination.

Il est par ailleurs mis en examen dans l'affaire du financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007 pour corruption passive et recel de détournement de fonds publics libyens.

© Reuters. FEU VERT DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL AU PROCÈS DE SARKOZY POUR BYGMALION

L'ancien chef de l'Etat a pris officiellement sa retraite politique après sa défaite lors de la primaire de la droite en 2016.

(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)

Derniers commentaires

Installez nos applications
Divulgation des risques: Négocier des instruments financiers et/ou des crypto-monnaies implique des risques élevés, notamment le risque de perdre tout ou partie de votre investissement, et cela pourrait ne pas convenir à tous les investisseurs. Les prix des crypto-monnaies sont extrêmement volatils et peuvent être affectés par des facteurs externes tels que des événements financiers, réglementaires ou politiques. La négociation sur marge augmente les risques financiers.
Avant de décider de négocier des instruments financiers ou des crypto-monnaies, vous devez être pleinement informé des risques et des frais associés aux transactions sur les marchés financiers, examiner attentivement vos objectifs de placement, votre niveau d'expérience et votre tolérance pour le risque, et faire appel à des professionnels si nécessaire.
Fusion Media tient à vous rappeler que les données contenues sur ce site Web ne sont pas nécessairement en temps réel ni précises. Les données et les prix sur affichés sur le site Web ne sont pas nécessairement fournis par un marché ou une bourse, mais peuvent être fournis par des teneurs de marché. Par conséquent, les prix peuvent ne pas être exacts et peuvent différer des prix réels sur un marché donné, ce qui signifie que les prix sont indicatifs et non appropriés à des fins de trading. Fusion Media et les fournisseurs de données contenues sur ce site Web ne sauraient être tenus responsables des pertes ou des dommages résultant de vos transactions ou de votre confiance dans les informations contenues sur ce site.
Il est interdit d'utiliser, de stocker, de reproduire, d'afficher, de modifier, de transmettre ou de distribuer les données de ce site Web sans l'autorisation écrite préalable de Fusion Media et/ou du fournisseur de données. Tous les droits de propriété intellectuelle sont réservés par les fournisseurs et/ou la plateforme d’échange fournissant les données contenues sur ce site.
Fusion Media peut être rémunéré par les annonceurs qui apparaissent sur le site Web, en fonction de votre interaction avec les annonces ou les annonceurs.
La version anglaise de ce document est celle qui s'impose et qui prévaudra en cas de différence entre la version anglaise et la version française.
© 2007-2025 - Fusion Media Ltd Tous droits réservés