par Riccardo Bastianello
VENISE, Italie (Reuters) - Les "hautes eaux" ("acqua alta") qui ont déferlé mardi soir sur Venise, les deuxièmes plus importantes jamais enregistrées dans la ville, ont probablement provoqué des centaines de millions d'euros de dégâts, a déclaré mercredi le maire Luigi Brugnaro.
La basilique Saint-Marc risque notamment de subir des dégâts "irréparables", a dit l'archevêque de la ville, alors que de nombreuses places et ruelles de la Cité des Doges restaient inondées mercredi après la brusque montée des eaux de la veille amplifiée par un vent violent.
Un habitant de Pellestrina, l'une des nombreuses îles de la lagune entourant Venise, est mort électrocuté en utilisant une pompe à eau, ont annoncé les pompiers.
Selon les autorités, l'eau a atteint mardi soir (21h50 GMT) un pic à 1,87 mètre, soit le deuxième plus haut niveau jamais enregistré depuis le record de 1,94 m en 1966.
Luca Zaia, le gouverneur de la région de Vénétie, a qualifié les scènes observées dans Venise de "dévastation apocalyptique".
Interrogé mercredi au cours d'une conférence de presse sur les conséquences financières de ces inondations, le maire Luigi Brugnaro a répondu: "Ce sera des centaines de millions d'euros."
Annonçant qu'il décréterait mercredi la ville en état de catastrophe naturelle, il avait auparavant écrit dans différents messages sur Twitter (NYSE:TWTR): "La situation est dramatique"; "Nous demandons au gouvernement de nous aider. Le coût sera élevé. C'est la conséquence du changement climatique."
La place Saint-Marc a été submergée par plus d'un mètre d'eau et la basilique historique a été inondée pour la sixième fois en 1.200 ans. Quatre de ces inondations se sont produites lors des vingt dernières années, dont la plus récente en octobre 2018.
"La basilique souffre de dégâts structurels parce que l'eau a monté et provoque des dégâts irréparables, particulièrement lorsqu'elle sèche dans la partie basse composée de mosaïques et de carrelages", a dit l'archevêque Francesco Moraglia.
Le palais Gritti, célèbre hôtel donnant sur le Grand Canal, a aussi été envahi par les eaux.
Le niveau de l'eau est redescendu mercredi matin à 1m45 mais il devrait remonter à 1m60 dans la journée.
"Venise est à genoux (...) les oeuvres d'art, la basilique, les commerces et les maisons, une catastrophe (...) La ville se prépare à la prochaine marée haute", a dit le gouverneur Luca Zaia.
Un ensemble de barrages a été conçu en 1984 pour protéger Venise de ces marées mais ce projet de plusieurs milliards d'euros, baptisé Mose, a été entravé par des scandales de corruption et n'est toujours pas opérationnel.
La majeure partie de l'Italie a été touchée par des pluies abondantes ces derniers jours, particulièrement dans le sud du pays.
(Jean Terzian et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)