STRASBOURG (Reuters) - Seules deux sidérurgistes, l’Anglo-Indien Liberty House et le Suisse Schmolz + Bickenbach, ont déposé une offre de reprise globale, vendredi avant minuit, date limite fixée par la justice, pour la reprise du spécialiste français des aciers spéciaux Ascometal, a-t-on appris de source proche du dossier.
L’offre de l’Espagnol Sidénor, qui ne porte que sur deux des cinq sites du groupe, ses unités de parachèvement, aurait, en comparaison, peu de chances de retenir l’attention des juges de la chambre commerciale du tribunal de Strasbourg qui examineront les dossiers le 24 janvier.
L’Italien Beltrame, également candidat, n’a pas précisé son offre.
Signe d’un vif intérêt pour l’entreprise, ancienne entité d’Usinor-Sacilor, l’Anglais et le Suisse, qui étaient déjà en discussion avec Ascometal avant son dépôt de bilan, en novembre dernier, n’ont eu de cesse d’améliorer leur offre.
"Je pense que le volet social est le grand gagnant de cette compétition", a indiqué la source à Reuters. Compte tenu des départs naturels et volontaires prévisibles, les 1.350 salariés en CDI d’Ascometal devraient être peu impactés, quel que soit le choix du tribunal.
Sous cet aspect, Liberty tient néanmoins l’avantage. La holding de Sanjeev Gupta, qui enchaîne depuis quelques années les acquisitions pour bâtir un groupe métallurgique intégré horizontalement et verticalement, reprendrait aussi l’aciérie Ascoval, une co-entreprise entre Ascometal et Vallourec (PA:VLLP) qui emploie 300 personnes à Saint-Saulve, dans le Nord.
Il a obtenu le soutien des conseils régionaux des Hauts-de-France, du Grand-Est et de Provence-Alpes-Côte d’Azur qui, avec l’Etat, lui apporteraient des financements – autour de 40 millions d’euros, selon une autre source proche du dossier -, de même que Vallourec.
Schmolz + Bickenbach, qui dispose déjà d’aciéries en Allemagne, n’est pas intéressé par Ascoval mais a étendu son offre, comme Liberty, à l’ensemble du périmètre d’Asco Industries (la raison sociale des entités industrielles): Dunkerque (Nord), Le Marais, près de Saint-Etienne, dans la Loire, Custines et Hagondange en Lorraine, Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône.
Le Suisse qui est, contrairement à Liberty, l’un des principaux acteurs sur le marché des aciers spéciaux et qui exploite l’usine Ugitech, à Ugine en Savoie, consoliderait son leadership.
Il a annoncé son intention d’investir 195 millions d’euros dans Asco Industries, sans aides des pouvoirs publics.
Dans les deux cas, l’aciérie d’Hagondange fermerait en 2019. Celle de Fos serait condamnée par Liberty, conservée par Schmolz + Bickenbach.
(Gilbert Reilhac, édité par Caroline Pailliez)