PARIS (Reuters) - La ministre de la Justice Nicole Belloubet a demandé vendredi un rapport sur la nature des investigations effectuées à la demande du parquet national financier (PNF) dans le cadre d'une enquête préliminaire pour "violation du secret professionnel" ouverte en parallèle à l'affaire dite des "écoutes" visant Nicolas Sarkozy.
Dans un article publié jeudi, Le Point a révélé comment, entre 2014 et 2019, le PNF avait cherché à identifier qui informait l'ancien président de procédures judiciaires en cours le concernant. Selon l'hebdomadaire, le PNF se serait ainsi appuyé sur les relevés téléphoniques détaillés et la géolocalisation de plusieurs avocats réputés.
"Pendant toutes ces années, cette enquête a donc été menée dans le plus grand secret, dans un cadre procédural trouble, de manière à ce que nul autre que les procureurs qui en avaient la charge ne puissent en avoir connaissance", écrit Le Point.
Sur son compte Twitter (NYSE:TWTR), Nicolas Sarkozy a dénoncé une "invraisemblable accumulation de manquements et de dysfonctionnements", ajoutant n'avoir qu'une "seule demande: le respect de l'Etat de droit".
Le bâtonnier de Paris, Olivier Cousi, a annoncé jeudi sur franceinfo qu'il allait entreprendre une action en justice contre l'Etat.
Dans un communiqué publié vendredi, la garde des Sceaux Nicole Belloubet se dit "consciente de l'émoi suscité par ces informations dans la communauté judiciaire et au-delà".
En conséquence, elle dit avoir "demandé ce jour à la procureure générale de Paris, sur le fondement de l’article 35 du code de procédure pénale, un rapport circonstancié sur la nature précise des investigations effectuées à la demande du parquet national financier, et notamment sur les modalités des réquisitions effectuées, leur étendue et leur durée".
"Sur la base de ces informations qui doivent permettre de vérifier si le parquet national financier a agi dans le cadre des dispositions du code de procédure pénale, elle appréciera si une inspection doit être diligentée."
Nicolas Sarkozy doit être jugé à la fin de l'année pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des "écoutes". Il est soupçonné d'avoir cherché à obtenir de l'ancien avocat général à la Cour de cassation Gilbert Azibert des informations confidentielles sur une affaire le concernant en échange d'un coup de pouce pour sa nomination à Monaco.
(Jean-Stéphane Brosse, édité par Jean-Michel Bélot)