PARIS (Reuters) - François Fillon, qui assure avoir encore toutes ses chances en vue de la primaire de la droite pour 2017 malgré des sondages défavorables, a tenu samedi un discours offensif durant lequel il s'est dit prêt à "casser la baraque".
Avec moins de 10% des intentions de vote, l'ancien Premier ministre figure à la quatrième place des dernières enquêtes, à quelques points de Bruno Le Maire et loin derrière et Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, lequel n'a pas encore dit s'il briguerait l'investiture de son camp pour la prochaine présidentielle.
"Je ne suis pas le candidat de la revanche, je ne suis pas celui du consensus", a-t-il dit lors d'une réunion publique à Paris, évoquant l'ex-président, battu par François Hollande en 2012, et le maire de Bordeaux, aujourd'hui favori.
François Fillon a encore tenté de discréditer ses deux concurrents en estimant que les électeurs "ne voudront pas rééditer le match de 2012".
"Et il faudra davantage que des postures tranquilles pour les convaincre", a ajouté l'ancien chef du gouvernement, sans citer Alain Juppé, qui assume un profil proche du centre et évite de susciter la controverse.
"Je viens sérieusement casser la baraque pour la reconstruire autrement", a-t-il affirmé.
"SCÉNARIOS BOUSCULÉS"
Pour l'heure, François Fillon dispose d'un solide réseau d'élus, y compris à l'Assemblée nationale et au Sénat, et jouit d'une meilleure cote de confiance que la plupart de ses concurrents au sein des Républicains.
D'après un sondage BVA pour Orange et iTELE paru samedi, 37% des Français et 57% des seuls sympathisants de droite lui font confiance - un score inférieur à ceux d'Alain Juppé et de Bruno Le Maire mais supérieur à celui de tous les autres prétendants.
Il peine toutefois à convertir ses atouts en intentions de vote, qui plafonnent à 8% dans une étude Ifop-Fiducial publiée le 23 mars.
Selon lui, les enquêtes d'opinion n'ont pas valeur de prédiction, à un peu moins de neuf mois de la primaire des 20 et 27 novembre, et il faudra attendre l'automne pour y voir plus clair.
"A l’automne, les primaires vont bousculer les scénarios que l’on croit écrits d’avance. Les sondages actuels ne doivent pas vous impressionner", a-t-il lancé à ses partisans.
"On interroge au débotté des Français qui n’ont pas encore la tête dans la présidentielle, qui ne savent pas qui seront les candidats, quels seront leurs programmes, et qui ne savent pas même le plus souvent s’ils iront voter aux primaires", a soutenu François Fillon.
Jusqu'à présent, dix candidats se sont déclarés.
Mais la liste n'est pas définitive puisque tous ne parviendront probablement pas à recueillir les parrainages requis - 250 élus, dont au moins 20 parlementaires, et 2.500 militants - et certains cadres des Républicains, à commencer par Nicolas Sarkozy, n'ont pas dévoilé leurs intentions.
(Simon Carraud, édité par Jean-Philippe Lefief)