par Ayla Jean Yackley et Sylvia Westall
MURSITPINAR/BEYROUTH (Reuters) - Les djihadistes de l'Etat islamique ont repris samedi leur pilonnage de Kobani, ville du nord de la Syrie proche de la frontière turque où sont retranchés des combattants kurdes qui s'attendent à un nouvel assaut imminent.
Les avions de la coalition emmenée par les Etats-Unis ont bombardé dans la nuit des positions du mouvement, dont les tirs ont ensuite été moins nourris que les jours précédents.
"Les combats continuent. Ils bombardent sur les trois fronts. Ils ont essayé d'envahir Kobani la nuit dernière mais ont été repoussés", a déclaré Asya Abdullah, représentante du Parti de l'union démocratique, principale formation kurde de Syrie, jointe samedi par Reuters à Kobani.
"Nous pensons qu'ils s'apprêtent à lancer un nouvel assaut de grande envergure mais l'YPG est prêt à leur résister", a-t-elle ajouté, évoquant la milice kurde des Unités de défense populaires qui tient la ville, également appelée Aïn al Arab.
Les raids aériens de la coalition n'ont jusqu'à présent pas enrayé la progression des combattants sunnites en direction de Kobani.
Environ 180.000 personnes ont gagné la Turquie pour fuir cette offensive alors que les assaillants ont juré de prier dans les mosquées de la ville pour l'Aïd el Adha, qui a débuté ce samedi.
Des avions de la coalition ont effectué vendredi soir des bombardements à l'est et au sud de Kobani, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui suit l'évolution du conflit en Syrie par le biais d'un réseau d'informateurs sur le terrain.
BIDEN S'ATTIRE LES FOUDRES D'ERDOGAN
L'organisme proche de l'opposition fait état de cinq morts et d'un véhicule détruit dans les rangs de l'Etat islamique.
Sur le front diplomatique, le président turc Recep Tayyp Erdogan a vivement réagi samedi à des propos du vice-président américain laissant entendre qu'Ankara a soutenu des mouvements tels que le front al Nosra, branche locale d'Al Qaïda, pour obtenir à tout prix l'éviction du président syrien Bachar al Assad.
"Ils (les Turcs) ont fourni des centaines de millions de dollars et des dizaines de milliers de tonnes d'armes à quiconque affronterait Assad. Mais ce sont Al Nosra, Al Qaïda et les djihadistes étrangers qui en ont profité", a déclaré jeudi Joe Biden lors d'une intervention à Harvard.
"Si Biden a prononcé de tels propos, je considère dorénavant qu'il fait partie du passé", s'est indigné Erdogan.
Le chef de l'Etat a par ailleurs réaffirmé qu'une agression des militaires turcs affectés à la garde du tombeau de Souleiman Shah, grand-père du fondateur de l'Empire ottoman, donnerait lieu à une riposte immédiate. L'enclave turque située à une trentaine de kilomètres au sud de Kobani, est totalement encerclée par l'Etat islamique.
"Si quoi que ce soit arrive là-bas, nous n'hésiterons pas et cela changera tout", a assuré Recep Tayyip Erdogan. Le parlement turc a autorisé jeudi soir le gouvernement à mener si nécessaire des opérations militaires contre l'EI.
(Bertrand Boucey et Jean-Philippe Lefief pour le service français)