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Amende requise contre deux ex-patrons de Nouvelles Frontières pour des comptes insincères

Publié le 21/05/2015 20:29
vue prise le 07 juillet 2002 à Paris de la façade du siège de la compagnie aérienne française Nouvelles Frontières. (Photo Jean-Pierre Muller. AFP)

vue prise le 07 juillet 2002 à Paris de la façade du siège de la compagnie aérienne française Nouvelles Frontières. (Photo Jean-Pierre Muller. AFP)

Le parquet a requis jeudi "15.000 à 20.000 euros" d'amende contre deux ex-dirigeants de Nouvelles Frontières, poursuivis pour avoir tenté par des opérations comptables douteuses de cacher les difficultés du voyagiste.

Le ministère public avait également fait citer Jean-Marc Siano, ancien patron du groupe, et Patrick Lebufnoir, ex-directeur financier, pour "escroquerie", mais le dossier s'est considérablement dégonflé au cours de la journée d'audience.

"Je ne me sens pas de poursuivre sur l'infraction d'escroquerie", a reconnu dans ses réquisitions le substitut du procureur, pourtant à l'origine des poursuites.

L'audience, très technique, s'attachant aux techniques comptables de provisions et aux montages capitalistiques au sein du groupe TUI, propriétaire de Nouvelles Frontières, a montré que M. Lebufnoir et M. Siano n'ont pas présenté cette comptabilité litigieuse "pour obtenir des primes supplémentaires", ce qui leur était à l'origine reproché, a concédé la magistrate.

Les deux dirigeants ont nié toute manipulation frauduleuse des comptes, décrivant plutôt des techniques financières destinées à assurer les fins de mois dans une entreprise chroniquement déficitaire et abonnée aux plans sociaux, à laquelle l'effondrement du tourisme au Maghreb après les révolutions arabes menaçait de porter le coup de grâce.

"Jamais nous n'avons donné l'instruction (aux comptables de l'entreprise) de faire de manœuvre frauduleuse", s'est défendu M. Siano, qui a dirigé Nouvelles Frontières de 2006 à fin mai 2011.

Les commissaires aux comptes, salariés de PricewaterhouseCoopers (PWC) payés 800 à 1.500 euros la journée, qui avaient alerté la justice en juillet 2011 à propos d'irrégularités comptables sur plusieurs exercices, n'avaient jamais fait part d'aucun doute auparavant, ont souligné les prévenus.

Un trou d'un montant de 36 millions d'euros dans les comptes était évoqué dans l'enquête, mais le parquet a reconnu qu'il s'agissait là d'un montant estimé par le cabinet d'audit privé Deloitte payé par la société TUI et qu'il n'y avait jamais eu d'expertise financière ordonnée par la justice dans ce dossier.

Quant aux primes de résultat, les ex-dirigeants, qui s'estiment victimes d'un acharnement de la part d'actionnaires pressés de se débarrasser d'eux, ont expliqué qu'elles n'avaient rien à voir avec la situation financière de l'entreprise mais récompensaient leur travail, et notamment leurs efforts de restructuration.

"J'avais des bonus par tête tombée (...) calculés sur le nombre de personnes que je licenciais chez Corsair", compagnie aérienne du groupe qui a connu des plans sociaux, a ainsi relaté M. Lebufnoir, provoquant des soupirs parmi la vingtaine de syndicalistes venus assister à l'audience.

Ceux-ci considèrent que les agissements des ex-dirigeants n'ont fait que renforcer les difficultés du groupe TUI France (Nouvelles Frontières, Marmara, Passion des Iles by Tourinter et Aventuria, ainsi que la compagnie aérienne Corsair International), qui a supprimé des centaines d'emplois ces dernières années, plombée par les mauvaises performances de Nouvelles Frontières.

La filiale française du groupe britannique TUI Travel reste dans une situation difficile. En décembre, elle a repoussé d'un an, à fin 2016, sa prévision d'un retour à la rentabilité.

Le jugement doit être rendu le 3 juillet.

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