PARIS (Reuters) - Le président du Medef regrette que François Hollande ne soit pas allé "au bout du pacte" de responsabilité, qui selon lui commence "à payer", et dit attendre des prétendants à l'Elysée des "engagements forts" pour ramener le chômage en France à 6%.
Dans un entretien à paraître mardi dans Les Echos, Pierre Gattaz salue les propositions des candidats à la primaire d'investiture de la droite, qui "convergent vers un certain pragmatisme et font tomber une série de tabous, comme avec la suppression de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune)".
L'organisation patronale tient à partir de mardi sa 18e université d'été à Jouy-en-Josas (Yvelines). A huit mois de l'élection présidentielle, de nombreux responsables politiques sont attendus jusqu'à mercredi sur le campus d'HEC, notamment à droite avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire.
"Les candidats à la présidentielle devraient avoir un objectif et un seul : retrouver une croissance forte et le plein-emploi. Quand je dis forte, c’est une croissance durablement au-delà des 2 %, idéalement à 3 %, et un taux de chômage ramené à 6%", déclare Pierre Gattaz dans le quotidien économique.
"Pour passer de 10 % à 6 % de chômeurs, ce sont 2 millions d’emplois qu’il faut créer. C’est possible, en alignant le niveau des charges de nos entreprises sur celui de l’Allemagne, en déverrouillant le marché du travail, en passant à une fiscalité lisible et motivante...", souligne-t-il.
Amorçant un bilan du quinquennat socialiste, le dirigeant patronal salue "une mue idéologique majeure pour la gauche" quant au rôle de l'entreprise mais regrette que des réformes potentiellement bénéfiques aient été "rattrapées par la patrouille politique".
"MESURETTE"
Il se dit ainsi très déçu par la décision du gouvernement de ne pas supprimer la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) et accuse le chef de l'Etat de pas avoir "tenu ses engagements".
Le "Pacte de responsabilité" prévoyait initialement pour 2017 une baisse d'un point de l'impôt sur les sociétés (IS) et la disparition totale de la C3S. Cette dernière étape passera finalement par une montée en charge du crédit d'impôt compétitivité-emploi (CICE) - qui ne pèsera sur les comptes de l'Etat qu'en 2018 - et par une baisse partielle de l'IS pour les seules PME.
Pierre Gattaz appelle le gouvernement à se garder d'"une mesurette" et à se montrer "plus ambitieux" sur l'IS.
"Ce qui est sûr, c’est que les baisses de charges du pacte de responsabilité commencent à payer. Les marges des entreprises sont repassées de 28 % en moyenne en 2013 à près de 32 % aujourd’hui, contre 39 % en Europe", précise-t-il.
"On a toujours dit que le pacte de responsabilité mettrait du temps à porter ses fruits. En 2015, 150.000 emplois ont été créés, même si cela ne suffit pas pour résorber le chômage. (...) Ce qui est très important, c’est d’aller au bout du pacte", souligne-t-il.
Pour le président du Medef, le "point noir" du mandat de François Hollande restera la loi sur la pénibilité, que des candidats à droite se sont engagés à abroger, à l'instar de la loi Travail. Il dit espérer que l'Elysée "évite les grosses bêtises fiscales de fin de mandat" dans le cadre de la préparation du budget pour 2017.
(Sophie Louet)