par Steve Slater
LONDRES (Reuters) - Barclays a passé 500 millions de livres (634 millions d'euros) de provisions pour régler les amendes éventuelles liées à une manipulation du marché des changes, faisant passer au second plan la hausse de son bénéfice trimestriel, porté par une amélioration dans la banque de détail et une baisse des coûts.
La banque britannique a fait état jeudi d'un bénéfice imposable ajusté de 1,59 milliard de livres, en hausse de 15%.
Les 500 millions de livres mis de côté sont "à mettre en relation avec les investigations en cours sur le marché des changes de la part de certaines autorités réglementaires".
Barclays est l'une des six banques qui discutent avec les régulateurs britanniques d'un règlement concerté d'une affaire de manipulation présumée du marché des changes, ont dit des sources. Les six banques devraient verser environ 1,5 milliard de livres à la Financial Conduct Authority (FCA), peut-être mi-novembre. Certains régulateurs américains cherchent aussi à mettre au point un règlement à l'amiable, précise une source.
JPMorgan, UBS et Deutsche Bank ont également passé d'importantes provisions au troisième trimestre pour couvrir d'éventuelles sanctions liées au marché des changes. Royal Bank of Scotland et HSBC devraient les imiter lors de la publication de leurs résultats prévus, respectivement, vendredi et lundi.
L'action Barclays progresse de 0,95% à 222,60 pence vers 9h30 GMT, surperformant l'indice des valeurs bancaires en Europe (-1%), les analystes financiers soulignant les bonnes performances de la banque de détail et de la filiale cartes de crédit Barclaycard.
RÉDUCTIONS DE COÛTS
"La conversion de Barclays de banque d'investissement en banque de détail se poursuit, les trois divisions de la banque de détail ayant contribué à hauteur de 80% au bénéfice opérationnel du troisième trimestre," dit Andrew Coombs, analyste de Citi.
Le directeur général du groupe Anthony Jenkins s'est engagé à alléger et à rentabiliser la structure de Barclays, tout en redressant ses pratiques commerciales et de trading, en limitant son activité de banque d'investissement, en réduisant les coûts et en supprimant ses activités les moins performantes.
De fait, le bénéfice de la banque d'investissement a chuté de 39% au troisième trimestre à 284 millions de livres, reflétant la contraction de cette activité. Le produit net bancaire a diminué de 10% avec la baisse des revenus sur les marchés actions et de taux, ainsi que sur l'activité de conseil.
Les dépenses d'exploitation du troisième trimestre ont légèrement baissé par rapport à l'an dernier, et elles sont en recul de 7% sur la période janvier-septembre.
La banque a annoncé avoir supprimé 7.800 emplois en l'espace d'un an, sur les 19.000 qu'elle compte faire disparaître dans les trois ans.
Barclays a également provisionné 170 millions de livres pour dédommager les clients victimes de pratiques commerciales abusives de produits d'assurance, ce qui porte la facture totale sur ce dossier à cinq milliards de livres. Cette dernière provision a été largement compensée par une reprise de 160 millions de livres de provisions destinées à dédommager des PME de la vente abusive de produits de couverture sur les taux.
La banque britannique a précisé que son ratio de levier, qui mesure les fonds propres en pourcentage de ses actifs, sans pondération du risque, a très légèrement progressé, à 3,5% fin septembre contre 3,4% trois mois plus tôt.
Les régulateurs britanniques devraient porter vendredi à un taux situé entre 4 et 5% le ratio de levier minimal exigé tout en accordant aux banques plusieurs années pour y parvenir. Cette décision devrait accélérer les cessions d'actifs de Barclays et la réduction de ses activités de banque d'investissement, ou encore peser sur son dividende, selon les analystes.
(Avec Matt Scuffham, Wilfrid Exbrayat et Juliette Rouillon pour le service français)