PARIS (Reuters) - Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a fustigé mardi "la méthode" utilisée pour lutter contre la pollution atmosphérique par la maire de Paris, Anne Hidalgo, trop oublieuse à ses yeux des départements voisins de la capitale.
Des critiques à fleuret moucheté remarquées chez ce proche d'Emmanuel Macron, qui a été élu en juin dernier député de la 5e circonscription de Paris et qui est cité pour briguer la mairie de la capitale aux municipales de 2020, en vue desquelles Anne Hidalgo a elle-même commencé à défendre son bilan.
Dans un entretien accordé lundi à Libération, l'édile socialiste a répondu aux critiques, concernant notamment sa décision de fermer les voies sur berges à la circulation, qui a fait l'objet d'une annulation de la part du tribunal administratif de Paris.
S'il dit approuver ce choix de restreindre la circulation automobile à Paris, Benjamin Griveaux regrette le manque de consultation des départements la région parisienne.
"Je ne soutiens pas la méthode qui a été retenue, à savoir que quand vous arrêtez la circulation sur un axe important dans le coeur de Paris, vous devez le faire en bonne intelligence avec le Val-de-Marne, avec les Hauts-de-Seine, avec la Seine-Saint-Denis", a expliqué sur RMC et BFMTV celui qui a entamé sa carrière politique au Parti socialiste.
"Ça n'a pas été suffisamment préparé", a poursuivi Benjamin Griveaux. "Parce que ça veut dire réfléchir à des parkings- relais, à des voies dédiées, à des transports partagés. Paris, ça doit se penser en dehors des frontières du périphérique. C'est aussi ça une ville moderne".
Ces critiques sont très proches de celles formulées par Valérie Pécresse, la présidente Les Républicains de la région Ile-de-France, qui propose de réinstaller provisoirement une voie de circulation sur les berges de la rive droite.
GRIVEAUX JUGERA HIDALGO "FIN 2018"
Dans l'entourage du porte-parole du gouvernement, qui écarte pour l'instant toute idée de candidature parisienne, on estime qu'il est encore trop tôt pour faire le bilan des années Hidalgo, qui n'est "qu'aux deux tiers" de son mandat".
"Elle ne pourra être jugée sur son action que fin 2018, au plus tôt", souligne-t-on.
Plébiscitée aux élections présidentielle et législatives de 2017, La République en marche cherche une stratégie pour parfaire son ancrage local en vue des élections européennes de mai 2019 et municipales du printemps 2020.
A Paris, Anne Hidalgo dit vouloir "construire une alliance citoyenne" ouverte à tous les partis sur des thèmes comme l'attractivité internationale, la lutte contre le changement climatique et la pollution, la solidarité.
Prenant ses distances avec le PS tout en préservant ses liens avec Emmanuel Macron, elle entr'ouvre ainsi la porte à une coalition avec La République en Marche (LaRem).
"On ne gagne pas un ville comme Paris avec des deals politiques", juge toutefois un responsable parisien du parti présidentiel. "Il faut parler à la fois du micro-quotidien comme la propreté, le logement, les places de crèches, et donner sa vision de la ville à 30 ans."
Outre Benjamin Griveaux à Paris, le délégué général de LaRem, Christophe Castaner, est régulièrement cité pour briguer la ville de Marseille, où le maire sortant Jean-Claude Gaudin (Les Républicains) ne se représente pas.
Sur les candidatures dans les grandes villes, le président "Emmanuel Macron aura, évidemment, son mot à dire", rappelle-t-on au parti présidentiel.
(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)